Epoque Dans un passé récent, la région de Mascara occupait une place de choix dans le domaine de la culture de la vigne. Des centaines de caves y ont été construites afin d?abonnir les vins. Cette tradition, perpétuée depuis l?ère coloniale, s?était rompue vers les années 1980. Sur décision gouvernementale, une opération d?arrachage anarchique et massif de la vigne a été entamée et les Mascaréens de souche, adeptes de Bacchus, assistaient, impuissants, à la mise à mort d?une tradition largement établie dans la région des Béni-Chougrane. Les vins de Mascara symbolisaient toute la contrée puisque leur réputation dépassait les frontières. Ils étaient exportés en quantité, en vrac ou en bouteilles, vers la France, l?Espagne, l?Italie et l?ex-Urss, nations qui appréciaient à sa juste valeur ce pur produit du terroir issu d?un sol fertile et riche en ressources hydriques. Ces facteurs, favorables à la culture de la vigne, ont permis à la région de Mascara de sortir de l?anonymat car ses vins étaient très prisés et constituaient une richesse favorisant des rentrées en devises pour le pays. Conscients des préjudices engendrés par de telles pratiques, les responsables ont décidé de suspendre l?opération d?arrachage de la vigne et d?engager des mesures pour sauvegarder ce qu?il en restait. Pour inciter les cultivateurs à privilégier ce genre de culture, il a été décidé de doubler le prix du raisin. Ainsi, la vigne, qui était en voie de disparition, s?est vu réhabilitée, notamment dans la région de Mascara, qui bénéficie de conditions atmosphériques idéales. Outre l?Oncv, qui détient le monopole de la production et de la commercialisation des vins, le secteur privé s?est impliqué dans ce créneau générateur de bénéfices. La coopérative de Palikao s?inscrit, dans cette optique. Située sur la route de Sidi-Kadda, dans la commune de Tighennif, cette coopérative, en dépit du manque de moyens financiers, s?est spécialisée dans la production de vins, une activité en vogue dans la région. La notoriété de cette cave remonte aux années 30. Construite en 1932, cette unité se distingue en 1933 en obtenant la médaille de bronze d?un concours général agricole organisé à Paris. Le flambeau de cette activité a été repris par les fils de ce viticulteur répondant au nom de Kadi et la nouvelle génération, soucieuse de l?urgence de donner un nouveau souffle à ce type de culture, concurrence oblige, n?épargne ni son temps ni son argent pour améliorer la qualité des vins. Ainsi, la cave a été restaurée et le matériel renouvelé, ce qui permet à la coopérative de produire trois types de vin : cuvée Santa-Cruz, cuvée El-Bey et cuvée de l?Ouest, variétés dont le prix avoisine les 200 DA la bouteille jetable de 75 cl. En effet, la coopérative utilise de l?emballage non récupérable, bien que les bouteilles et les étiquettes soient importées. Si la cave de la coopérative de Palikao (ancienne appellation de Tighennif) produit des vins, leur commercialisation sur le marché national est du ressort de la firme Mansouria. Pour attirer les viticulteurs de la région, les responsables de la cave les assistent en leur octroyant des avances financières en cas de besoin et prennent en charge les frais de transport du raisin. L?opération à l?intérieur de la cave débute par le pesage. Ensuite, les grappes passent par différentes étapes de la chaîne avant de devenir liquide (jus) et de fermenter dans des cuves bien entretenues. La capacité de production est de l?ordre de 7 000 hectolitres, mais ce chiffre pourrait être revu à la hausse si les responsables de la cave disposaient ou bénéficiaient de moyens financiers conséquents car disposant d?une capacité de stockage de 50 000 hectolitres. En effet, les responsables ont, à maintes reprises, émis le v?u de contracter un prêt bancaire, mais la Badr n?a pas jugé utile d?accéder à leur demande. Néanmoins, avec leurs seuls apports, les coopérateurs sont parvenus à relever le défi et à gagner le pari de redresser une situation très difficile, dans un environnement parfois hostile. Les amateurs de vin ne tarissent pas d?éloges sur les trois variétés produites par la cave coopérative de Palikao. Les «vins Pali» sont contrôlés par un ?nologue possédant une longue expérience. Les responsables de cette cave ont élaboré un ambitieux programme s?articulant autour d?objectifs à court ou moyen terme consistant à exporter les vins Pali. A ce titre, ils révèlent avoir eu des contacts pour un partenariat avec des Français, très intéressés par les produits de la coopérative de Palikao. Si cette opération, encore à l?étude, venait à se concrétiser, tout le pays en tirerait profit.