La prison de Serkadji sera transformée en musée. L'Etat a donc décidé de convertir les murs témoins des exactions coloniales en une galerie où les enfants de l'Algérie indépendante pourront, de visu, sentir, entre les péristyles et dans les oubliettes de la prison, les souffrances de plusieurs générations de héros qui se sont consacrés à leur pays. Le Constantinois qui passe et repasse chaque jour devant son « Serkadji », à savoir la prison du Coudiat, aimerait bien que le « bagne » du centre-ville puisse lui aussi transférer ses « locataires » vers des édifices pénitentiaires plus humains, et livrer la prison historique à des riverains qui souhaiteraient voir les cellules et le cachot où étaient incarcés Mostefa Benboulaïd et Aouati Mostefa. Bref, en faire un musée au même titre que la désormais ex-prison d'Alger. On se rappelle que la prison du Coudiat devait être démolie pour faire place au projet du tramway, mais en l'absence d'un débat public, la balance penchera en faveur des opposants au projet, et l'administration devra par la suite réviser ses copies, car les tenants des « dogmes » auront eu raison de sa ténacité. Le tramway passera ailleurs. Aujourd'hui, et loin de toute passion politique ou économique, il faut se rendre compte que la prison du Coudiat peut avoir un sort autre que celui de geôle ou de support aux rails du tramway. Elle pourra, à terme, se transformer elle aussi en musée car toute une mémoire collective s'y trouve. Il suffit de développer la même dynamique que celle qui va conduire à la mutation de Serkadji pour que Constantine puisse avoir son musée, son tramway, et le tout sans qu'elle perde sa prison ! Un parfait exercice d'équilibriste qui pourrait se faire facilement à condition, et pour le bien-être de tous, que tout le monde y mette du sien.