Les prisons, telles que Serkadji, renfermaient des archives vivantes transcrites sur les murs témoignant de l'atrocité coloniale en Algérie. Des moudjahidine ont appelé hier à Alger à transformer en musées les prisons coloniales et les centres de torture, « véritables témoins » de l'histoire de la révolution. Lors d'une conférence organisée par l'association Mechaâl echahid, à l'occasion du 46e anniversaire de « la grande évasion » de la prison de Barberousse (Serkadji), le moudjahid Boualem Cherifi a estimé que les prisons coloniales renfermaient des archives vivantes transcrites sur les murs. « Ces transcriptions ont été malheureusement effacées à l'aube de l'indépendance lorsque les murs avaient été repeints », a-t-il déploré. Le moudjahid Mostafa Fettal, un des cerveaux de l'évasion de Barberousse, a évoqué, pour sa part, « l'organisation » qui régnait à l'intérieur de la prison et « la discipline ainsi que l'esprit de fraternité et de solidarité », autant de facteurs, a-t-il relevé, à l'origine de la réussite de l'évasion à partir d'une prison que des experts américains avaient qualifiée à l'époque de totalement hermétique. Après avoir rappelé que l'organisation mise en place par ceux qui les avaient précédés à la prison algéroise notamment ceux qui avaient participé au déclenchement de la Révolution, le moudjahid a indiqué qu'il avait décidé en compagnie de ses co-détenus de s'évader en creusant un tunnel. L'opération a duré toute une semaine, a-t-il expliqué en ajoutant que tout le monde était au courant, même les détenus de droit commun. Les détenus qui devaient s'évader l'ont fait en deux groupes afin de ne pas attirer l'attention des gardiens notamment parmi les condamnés à mort qui devaient répondre à l'appel trois fois par jour, a-t-il fait remarquer. Même si cette évasion a eu lieu deux mois avant l'annonce du cessez-le-feu après l'échec de deux tentatives dans les premières années, les différents témoignages ont été unanimes à dire qu'elle a prouvé encore une fois que le peuple algérien était prêt à l'impossible pour recouvrer sa liberté.