L'avant-projet de loi de finances complémentaire pour l'exercice 2008 est calculé sur la base d'un prix de 37 dollars le baril de pétrole au lieu des 19 dollars traditionnels. Faisant depuis longtemps l'objet de reproches de la part de la classe politique et des experts économiques, le prix de référence fiscal du baril de pétrole brut sera revu à la hausse après que le gouvernement ait réapprécié les donnes macro-économiques. « Chaque pays a son propre calcul du prix de référence de pétrole. En Algérie, le prix de référence de 19 dollars avait été calculé sur la base d'une moyenne décennale et non annuelle. Nous avons opté pour la prudence en matière de choix des indicateurs de la loi de finances, dont le prix de référence qui est revu à la hausse, car nous avons enregistré des engagements de dépenses à caractère récurent. » Cela ne change pas grand-chose puisque la différence qui sépare le prix de référence du prix réel sur le marché pétrolier sera de toute façon logée dans le fonds de régulation des recettes. Ce fonds dont le rôle consiste à rattraper le déficit du Trésor public ou alors à être utilisé pour le remboursement de la dette. 37 dollars c'est la tendance moyenne, mais nous continuons à rester prudents », explique le premier argentier du pays, Karim Djoudi, lors d'une conférence de presse tenue hier à l'issue du conseil du gouvernement. Sous l'effet de cette augmentation du prix de référence, dont la révision fait passer le produit de la fiscalité pétrolière budgétisée de 970 milliards de dinars à 1715 milliards de dinars, les recettes budgétaires devront progresser de 43,6% en passant de 1924 milliards de dinars à 2763 milliards de dinars, alors que les importations passeront de 27,8 MDS de dollars à 30 MDS de dollars. Nouvelle disposition de soutien aux produits alimentaires de base Un accroissement du budget signifie une hausse des dépenses qui passent de 4323 MDS de dinars à 4882 MDS, soit un niveau de progression de 12% devant se traduire, entre autres mesures, par une nouvelle disposition de soutien aux produits alimentaires de base, à savoir le soutien du prix de la poudre de lait, du blé tendre, du blé dur, de l'orge et de l'eau de mer dessalée. A titre d'indication, le ministre des Finances évoque le soutien à la hauteur de 184,4 milliards de dinars des produits alimentaires que sont le blé tendre, la semoule et le sachet de lait. L'inflation enregistrée sur les marchés internationaux des produits alimentaires et ses effets sur le pouvoir d'achat local ont constitué d'ailleurs une des raisons des correctifs apportés par la loi de finances complémentaire 2008. « Le taux d'inflation inscrit par la loi de finances 2008 était de 3% par an, nous avons décidé d'opter pour une hypothèse de 3,5% en intégrant les tensions enregistrées sur les marchés internationaux des produits alimentaires et de la demande nationale », explique le ministre des Finances. Autres mesures citées par le même responsable, la prise en charge par le budget de l'Etat du règlement des dettes des communes d'un niveau de 32 milliards de dinars et le relèvement des pensions des moudjahidine et ayants droit ainsi que le relèvement du seuil défiscalisé de l'impôt sur le revenu général (IRG) pour les travailleurs et pensionnés handicapés. Les mesures législatives de l'avant-projet de loi de finances complémentaire proposent le renforcement des capacités financières des collectivités locales par le relèvement des quotes-parts leur revenant sur certains droits et taxes. « Ces collectivités locales bénéficieront d'un revenu complémentaire de 7 milliards de dinars », indique Karim Djoudi, en notant que les entreprises jouiront à leur tour d'une baisse de la pression fiscale pour le renforcement de leurs capacités d'autofinancement. Alors que les concessionnaires automobiles seront mis à la contribution pour le soutien des prix des titres de transport public en commun à travers une taxe de 1% contre une exonération du droit de timbre sur la circulation de véhicules neufs. Une autre exonération fiscale est prévue pour les nouvelles entreprises pour une durée de quatre ans contre l'obligation d'un réinvestissement des fonds. Le relèvement du prix du transport par canalisation sera utilisé pour la baisse des prix sur d'autres types de transport. Le projet de loi de finances complémentaire, qui sera soumis à l'approbation des deux chambres du Parlement, prévoit un allégement du déficit du Trésor par rapport au PIB qui passe de 25,6% à 17,6%. Le fonds de régulation des recettes, disposant d'une capacité de 3747 MDS de dinars à fin mai dernier, devra couvrir ce déficit du Trésor.