C'est la deuxième fois en six ans que le gouvernement revoit sa copie en ce qui concerne les prix de référence du baril pour l'établissement des lois de finances. Après la loi de finances complémentaire (LFC) 2002 élaborée sur la base d'un prix référentiel de 22 dollars le baril (pour un prix moyen du baril à 26 dollars), c'est au tour de la LFC 2008 de connaître le même changement. Mais cette fois-ci, avec un prix supérieur puisque les cours du pétrole ne sont pas mêmes. La référence pour cette année est de 37 dollars, soit deux fois moins (2x19-1) pour des cours du pétrole oscillant autour de 130 dollars le baril. Qu'est-ce qui a motivé ce retournement proclamé par les économistes, les opérateurs économiques, les députés et les consommateurs depuis le début de l'évolution des prix du baril ? Le gouvernement a, en effet, toujours justifié le maintien du prix de base du pétrole à 19 dollars par la prudence. Toute plus-value résultant d'un niveau de recettes de fiscalité pétrolière supérieur aux prévisions de la loi de finances alimente le Fonds de régulation des recettes (FRR) institué pour rappel depuis 2000. Pour la LFC2008, le gouvernement fait ainsi passer le produit de la fiscalité pétrolière budgétisée de 970 milliards à 1 715 milliards de dinars, selon les chiffres avancés par le ministre. Selon les représentants du gouvernement, cette stratégie de prudence n'est pas une exception pour l'Algérie en ce sens que beaucoup de pays exportateurs de pétrole élaborent aujourd'hui leurs budgets sur la base de prix référentiels oscillant entre 15 et 22 dollars le baril de pétrole. Pour eux, les perturbations des cours mondiaux du pétrole justifient cette prudence. Mais, depuis 2002, les prix du baril ne cessent d'augmenter. Au cours de ces six dernières années, le marché n'a pas connu de grandes fluctuations. Il est toujours en flèche. Ce qui n'a pas empêché le gouvernement de poursuivre sa politique de prudence tout au long de cette période pour décider enfin de relever à la hausse le prix de référence. Selon le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, l'ancien prix de référence de 19 dollars «avait été élaboré pour couvrir une période de 10 ans en moyenne». Aussi, selon l'argentier du pays, le nouveau prix de référence «permet d'avoir une marge de sécurité en matière de conduite de nos dépenses et recettes dans les dix années à venir». Sur ce plan, une hausse considérable est constatée notamment dans les recettes budgétaires. Cette croissance est de 43,6% par rapport à la loi de finances initiale 2008. Les recettes passent globalement de 1 924 milliards de dinars dans la loi de finances initiale à 2 763 milliards de dinars dans l'avant-projet de loi de finances complémentaire pour 2008. Pour leur part, les dépenses budgétaires passent de 4 323 milliards à 4 882 milliards de dinars, en progression de 12,9% sous l'effet d'allocations de crédits de paiement additionnels pour répondre, notamment, au soutien des prix de la poudre de lait, du blé, de l'orge et de l'eau de mer dessalée. Le mouvement différencié des dépenses et des recettes se traduit, faut-il le noter, par un allègement du déficit du Trésor (hors Fonds de régulation de recettes, FRR) par rapport au PIB qui passe de -25,7% dans la loi de finances initiale à -17,6% dans l'avant-projet de la loi de finances complémentaire. S. I.