Des quantités colossales de déchets ménagers jonchent nos ruelles et leur donnent une image hideuse et inesthétique. Ces déchets sont à l'origine de la dégradation de l'environnement et du cadre de vie des citoyens. La wilaya de Tizi Ouzou rejette quotidiennement 800 tonnes de déchets solides urbains, soit le quadruple de la quantité rejetée par la capitale (quelque 229 t/ j). De ce fait, Tizi Ouzou connaît de grandes difficultés dans la gestion des déchets ménagers, que ce soit sur le plan de la collecte, du transport ou du traitement. « Actuellement, un schéma directeur de gestion des déchets ménagers s'impose pour améliorer la qualité de l'environnement et préserver l'hygiène publique », lit-on dans une communication écrite, présentée par M. Ousalem, ingénieur en agronomie, lors du 4e séminaire scientifique et technique sur l'environnement qui s'est tenu du 3 au 5 juin à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO) à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement. Cette communication constitue une synthèse de plusieurs études basées sur des enquêtes réalisées auprès de la population et des services communaux dans différentes régions de la Kabylie dans le cadre d'un projet de recherche élaboré par des étudiants et des chercheurs de l'UMMTO, dirigé par le Pr. Derridj, doyen de la faculté des sciences biologiques et des sciences agronomiques. Des enquêtes menées auprès des services communaux dans différentes régions de la Kabylie ont fait ressortir les facteurs ayant abouti à cette « crise environnementale majeure ». En effet, la gestion des déchets ménagers connaît de grandes défaillances faute de moyens humains qualifiés et de matériel approprié. Les capacités de ramassage des services concernés sont de ce fait au-dessous des quantités de déchets produites par les habitants. Ajoutons à cela le non-respect des horaires de précollecte et des lieux de ramassage des déchets. Par ailleurs, la gestion des déchets se limite à leur évacuation dans les décharges publiques sans traitement ni sélection. L'espace villageois n'est pas souvent concerné par la collecte et les décharges sauvages non contrôlées ne cessent de proliférer, aggravant ainsi la situation de l'environnement déjà dégradé. En somme, le manque de civisme chez les citoyens, la défaillance des services de collecte et la non-application de la loi sont à l'origine de cette situation peu reluisante. Des sondages effectués auprès de la population ont toutefois montré que les habitants des différentes régions de la Kabylie ont affiché une grande volonté pour l'amélioration de la gestion des déchets ménagers et sont favorables à confier la tâche aux entreprises privées. Les citoyens sondés sont ainsi disposés à payer un impôt local conséquent en vue d'améliorer la situation, et sont prêts à séparer leurs propres déchets selon leur nature et leur degré de toxicité. En vue de protéger l'environnement et d'offrir aux citoyens un cadre de vie agréable, une meilleure gestion des déchets ménagers s'avère une nécessité majeure. Pour cela, un ensemble de mesures ont été recommandées par l'équipe d'universitaires dirigée par le Pr Derridj. Ces chercheurs préconisent l'organisation de campagnes de sensibilisation et d'information et l'introduction de l'éducation environnementale dans le cursus scolaire. Selon les spécialistes, il y a nécessité de renforcer les moyens matériels et humains au niveau des localités et d'étendre la collecte aux villages et endroits jusqu'ici non concernés, mais aussi de généraliser la réalisation des centres d'enfouissement technique intercommunaux afin d'éradiquer les décharges sauvages. L'utilisation d'emballages biodégradables et le tri sélectif facilitant la récupération des matériaux récupérables ou recyclables sont également recommandés. En outre, il y a lieu de responsabiliser les producteurs, importateurs et les industriels en étendant leurs obligations au-delà du stade de la consommation. Djemaâ Timzouert , Youcef Nemmar