Sept ans sont passés depuis la mise en pratique de la loi 01-19 de 2001, relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets urbains, avec comme soubassement des mesures d'incitation et des campagnes de sensibilisation tous azimuts, le volet y afférent, à savoir la gestion proprement dite de ce qu'il convient d'appeler « le secteur des poubelles », est loin d'opérer un saut qualitatif et quantitatif satisfaisant. À Bouira, wilaya du centre du pays, et non moins concernée par une multitude de projets, dits prometteurs, dirigés par la direction de l'environnement de la wilaya, les choses ne semblent pas pour autant changer. L'on y continue à s'accommoder avec les rejets d'égouts à ciel ouvert, les dépotoirs sauvages dans les zones rurales et même parfois dans les villes. Ainsi et au moment où, suivant le discours ambiant, les questions environnementales font de plus en plus objet d'intérêt, que ce soit de la part des citoyens et ou des pouvoirs publics multipliant les campagnes de sensibilisation (souvent pour la forme) et la mise en pratique d'une armada de règlements destinés à mieux prévenir les méfaits de la dégradation du cadre de vie du citoyen, la wilaya de Bouira semble continuer à vivre au rythme d'énormes insuffisances en la matière. Le constat : la dégradation de l'environnement due initialement aux déchets multiples générés quotidiennement par l'activité humaine, ne cesse de se faire sentir à tous les niveaux. Dans les zones urbaines comme celles rurales, le décor est déjà dressé pour donner à la vue cette image lugubre d'un cadre de vie où la saleté va avec la mocheté des bâtisses qui, dans leurs plans de réalisation, aucune esthétique n'a été prévue. Un peu partout, dans les quatre coins de la wilaya, allant de Lakhdaria à Dirah et de Sour El Ghozlane à M'Chedallah, l'on continue à se plaindre du manque d'hygiène en ville. Cela ne manque pas de poser, avec acuité, la question de la gestion de ces déchets qui deviennent de plus en plus encombrants, sans compter les méfaits qu'ils ont sur la santé publique. Des études effectuées par les services de l'environnement de la wilaya, apportent une preuve cinglante de cet état de fait. Celles-ci démontrent que la wilaya de Bouira produit quotidiennement une moyenne de 406 tonnes de déchets ménagers, auxquels s'ajoute la masse des déchets générés par les activités industrielles et les commerces. L'autre calamité redoutable au demeurant est le taux plus ou moins élevé des déchets spécifiques dont la wilaya manque de moyens de traitement. Le pire, c'est que l'on reconnaît qu'une grande partie des déchets, notamment ménagers, et qui ne sont pas forcément sans effet, ne sont pas collectés. Les mêmes services estiment, dans un bilan établi ces dernières années, la quantité des ordures ménagères traitées et mises en décharge est de seulement 250 tonnes, soit un taux de traitement avoisinant les 61,67%. Ce qui fera que pas moins de 10 143 hameaux, répartis sur les 45 communes de la wilaya, sont sans collecte d'ordures. Cela dit, ce sont là des éléments qui renseignent amplement sur l'absence d'un quelconque schéma de gestion des déchets, pourtant réglementaire, au niveau des municipalités, lesquelles se trouvent acculées à faire dans le bricolage avec des moyens souvent rudimentaires, au moment où il est nécessaire d'agir avec dextérité face à ce désastre écologique aux conséquences incalculables. Cela se passe au moment où des lois et des règlements sont brandis comme pour soutenir un engagement de façade qui cache mal un manque terrible de volonté à même de mettre le holà à une situation déjà préoccupante. Selon les juristes, la loi n'est pas restée muette à ce sujet, puisque, arguent-ils, le gouvernement a pris les devants en s'alignant sur les préalables reconnus universellement en la matière. C'est dans ce contexte même que naîtra en 2001, la loi 01-19 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets, fixant les modalités de prévention, de réduction de la production nocive des déchets à la source ; l'organisation du tri des déchets, de la collecte, du traitement, de la valorisation des déchets et enfin le volet relatif à l'information et la sensibilisation des citoyens pour plus de prévention. Un ensemble de dispositions légales qui trouveront leur consécration dans le Progdem (programme de gestion des déchets municipaux) qui vient renforcer les mesures prises jusque-là et, mieux encore, définir le cadre réglementaire et technique de la gestion des déchets municipaux impliquant notamment les collectivités locales. En fait, des mesures légales comme tant d'autres, qui attendent leur traduction sur le terrain…