L'augmentation des tarifs décidée par une partie des transporteurs dans la wilaya de Béjaïa et appliquée sur plusieurs lignes suburbaines provoque des manifestations de colère en cascade dans la wilaya. Depuis jeudi dernier, l'on a enregistré au moins quatre actions de rue successives qui ont vu des citoyens sortir pour bloquer la circulation sur la RN26 et la RN12 en signe de protestation contre ce qu'ils considèrent comme une augmentation de trop. Après Akbou où les transporteurs ont été amenés à garer leurs minibus pour éviter le face-à-face avec des protestataires qui ont coupé la route au niveau de Laâzib et Timezrit où la circulation a été également coupée mercredi sur la RN26 au niveau du village socialiste, la protestation a débordé ce week-end sur la commune de Oued Ghir. Des citoyens mécontents de devoir payer plus cher une place dans un minibus sont sortis dans la rue. Avant cela, jeudi dernier, l'augmentation a fait sortir des citoyens de la commune d'Amizour pour occuper la rue dans un similaire mouvement de protestation. A Lota, des citoyens viennent de se plaindre dans une requête au wali d'une augmentation qu'ils considèrent « injuste et arbitraire ». Des actions spontanées ont été déclenchées avec le début de l'application de cette augmentation au début de ce mois de juin et qui devrait se poursuivre ailleurs dans la wilaya. Ce qui risque de faire gronder encore la rue, cette augmentation du prix du ticket de transport, qui est une résolution de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), affiliée à l'UGTA, a été décidée en janvier dernier lors d'une réunion du bureau de wilaya élargie aux délégués de daïras et de communes. Elle est programmée pour être généralisée par tous les adhérents de l'UGCAA. « La contestation des citoyens est légitime. A vrai dire, on s'y attendait un peu. Mais on a longtemps temporisé pour passer à l'action », nous dit le coordinateur de wilaya de la section transport de l'UGCAA, Abdelkader Bouchrit. La section avait déposé un préavis de grève le 19 février dernier pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur leurs difficultés de faire face à la lourdeur de leurs charges d'exploitation. « Les charges des transporteurs ont sensiblement augmenté alors que les recettes diminuent. Si on viendrait à faire baisser ces charges nous sommes prêts à revoir nos tarifs », ajoute M. Bouchrit. Il faut noter que depuis le décret 96 qui a fixé un prix minimal par kilomètre, aujourd'hui dépassé, la politique des tarifs est libéralisée. Plus de 3000 exploitants exercent sur les lignes suburbaines dans la wilaya. C'est surtout sur cet axe que se recrutent les adhérents de l'UGCAA. Ailleurs, notamment en urbain, le territoire est revendiquée par le syndicat rival, l'Union nationale des transporteurs (UNAT) qui, lui, est resté à l'écart de cette augmentation. « Nous avons interdit à nos adhérents de suivre cette augmentation anarchique », nous déclare le président de l'Unat Béjaïa dont le syndicat a introduit un rapport auprès du gouvernement réclamant d'aligner le niveau de la TVA appliquée aux transporteurs de voyageurs (17%) à celle en vigueur dans le transport ferroviaire qui est, elle, de 7%.