Les rebelles du Tchad, qui ont lancé une offensive mercredi dans l'est, ont pris hier, à la mi-journée, la ville de Goz Beida (75 km de la frontière soudanaise). « Nous avons pris Goz Beida vers 12 h (11 h GMT) après 40 minutes de combats. Les rescapés de l'armée tchadienne ont pris la fuite. Nous occupons la ville », a affirmé Abdelwawid Aboud Makaye, président de l'Union des forces pour la démocratie et le développement-fondamental (UFDD-F). « Effectivement, les rebelles sont en ville. Il y a eu des coups de feu. On entend des cris de joie », a confirmé un membre du personnel humanitaire présent à Goz Beida. Cette victoire intervient alors que Paris venait de lancer une mise en garde aux rebelles qui affirment avoir lancé une offensive dans l'est du Tchad en prévenant que « toute action armée visant le Tchad et ses institutions ne peut qu'être condamnée ». La France appelle « tous les acteurs concernés à trouver une solution politique, notamment dans le cadre des processus de Dakar et de Syrte ». Les rebelles du Tchad, qui ont lancé une offensive mercredi dans l'est, ont affirmé, vendredi, avoir largement pénétré dans le pays et « rouler » vers N'Djamena, où les autorités démentent et dénoncent une « campagne d'intoxication dénuée de tout fondement ». Le Tchad accuse le Soudan de soutenir et de téléguider les actions des rebelles. Les rebelles ont demandé vendredi à la France de cesser ses missions de « renseignement », la menaçant de prendre les avions français « pour cible ». « Les forces armées de l'opposition » étaient favorables à la mission de l'Eufor (la force européenne) de protection des populations civiles, a affirmé le porte-parole de l'Alliance nationale Ali Gueddei. Mais « la France a dénaturé la mission de l'Eufor (...) par son comportement » dans le cadre de la mission Epervier. Pour l'Alliance nationale, « la France serait mieux inspirée d'arrêter ses provocations répétées à l'endroit des forces de l'opposition en fournissant des renseignements aux troupes gouvernementales », a ajouté M. Gueddei. La France est présente au Tchad depuis 1986 dans le cadre de l'opération « Epervier » avec des moyens terrestres et aériens. Elle a fourni un appui décisif — sans toutefois intervenir directement — , en février dernier, au président tchadien, Idriss Deby Itno, encerclé dans son palais à N'Djamena lors d'une offensive rebelle, qu'il avait finalement réussi à briser. Paris fournit le gros des troupes de l'Eufor, force européenne déployée dans l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique pour protéger les réfugiés du Darfour voisin (province de l'ouest du Soudan en proie à la guerre civile), ainsi que les populations tchadiennes et centrafricaines déplacées (450 000 personnes).