Organisées par l'association Anouar de Hammam Bou Hadjar, avec le concours de la maison de la culture de Témouchent, elles méritent d'évidence leur qualificatif au regard de la brochette de troupes participantes, des compagnies parmi les plus cotées du mouvement amateur. Le coup d'envoi a été donné par deux représentations, l'une en hors compétition, de l'association hôte avec son nouveau spectacle « Doumou'el fajr », et la seconde par l'association El Gouala de Relizane, avec « El menfi ». Cette entrée en matière a doublement permis de s'exprimer une survivance d'une tendance qui a marqué la thématique et l'esthétique du théâtre amateur des années 1970, celle d'un théâtre contestataire qui a pour souci de clamer les préoccupations et les misères des petites gens, mais qui généralement, au lieu de les transcender par une fable, les reproduit par du discours sur scène. Cela a débouché sur deux exercices qui s'essaient à un théâtre de la narration, pas vraiment du dire, mais qui perd de vue la dimension épique caractérisant le genre. Dans « El menfi », comme dans « Doumou' el fajr », il émerge un personnage voulu emblématique, un personnage autour duquel gravitent des coryphées « Gouala » chargés d'accompagner le récit de ses heurts et malheurs. Cela donne des tirades où aucun personnage ne s'adresse à l'autre, chacun enfermé dans des monologues- discours charriant à forte dose la volonté de démontrer. Progrès Bien qu'El Anouar ait réalisé des progrès certains par rapport à ses précédents travaux et qu'El Gouala possède une plus grande technicité, que leurs spectacles soient le résultat d'un énorme investissement, que leurs comédiens font la preuve d'une énergie et d'un potentiel artistique indéniables, tout ce qu'on peut leur espérer c'est qu'elles se hissent d'un genre dont l'initiateur, l'immense Alloula en l'occurrence, n'en était encore qu'à la recherche et qu'elles aient la sagesse, comme leur modèle, de ne pas brûler les étapes en s'exerçant sur les éléments d'une expérimentation inachevée et de passer par d'autres genres plus universels. Ce sera en particulier le grand service à rendre à des apprentis comédiens qui commenceraient enfin à s'exercer à l'art de la comédie plutôt qu'à se figer dans celui asséchant de porte-voix.