Il est impossible de réussir la sécurité alimentaire. Des pays des mieux nantis dans le monde trouvent des difficultés », estime Hocine Abdelghafour, directeur d'études au département de Saïd Barkat, lors de la rencontre organisée conjointement, hier à Alger, par le Forum des chefs d'entreprise (FCE) et la Chambre nationale de l'agriculture (CNA) autour du thème « Agriculture-industrie : des synergies fertiles ». Y ont pris part des opérateurs du secteur agricole et de l'agroalimentaire qui ont tenu à mettre à nu les contraintes qui grèvent le domaine de l'agriculture en Algérie. La situation du secteur est en effet telle que, en 2007, la production locale assure presque la totalité des besoins en pomme de terre, excepté la période de crise intervenue en septembre dernier. Idem pour les fruits et légumes. Mais tous les produits agricoles ne logent pas bien évidemment à la même enseigne. Pour le blé par exemple, l'Algérie ne couvre ses besoins qu'au faible niveau de 36%, le reste, tout le reste étant le fait de l'importation (comme le montre le tableau ci-dessous). En matière d'huile d'olive aussi, la production algérienne n'assure que 5%. Etablissant un bilan plutôt mitigé du Plan national de développement rural et agricole (PNDRA), M. Abdelghafour a ainsi sérié un certain nombre de maux. Pour ce responsable, les conditions climatiques affectant le pays auront certainement des répercussions lamentables sur les récoltes. Encore la météo ! Les conséquences de la sécheresse ayant déjà frappé la région ouest du pays commencent à se faire sentir. La production nationale sera revue à la baisse. « En 30 ans, les quantités des pluies ont reculé de 30% », explique-t-il, en précisant que les ressources hydriques sont limitées. N'en restant pas là, il affirme que les terres cultivables qui représentent 2,3% du territoire national tendent à se rétrécir. L'effet de désertification oblige. A cela s'ajoute l'atomisation des surfaces arables situées dans le littoral. Avant lui, Omar Aït Ameur, cadre au ministère de l'Agriculture, a rajouté une autre couche en rappelant la difficulté que trouvent les agriculteurs dans l'accès au financement bancaire, l'irrégularité de la disponibilité des intrants agricoles et la faiblesse, voire l'absence des systèmes de régulation dans le circuit de la commercialisation. Présentant la moisson du PNDRA depuis son lancement en 2000, il note que le ministère de l'Agriculture mise pour 2015 sur la production de 80 millions de quintaux de blé, de 38 millions de quintaux de pomme de terre, de 1,38 million de quintaux d'huile d'olive et de couvrir au moins 50% des besoins nationaux en lait, avec la production de 1,9 milliard de litres. En outre, il mentionne que le taux de croissance du secteur (2000-2007) a atteint le chiffre de 6,5%. Par ailleurs, Réda Hamiani, président du FCE, qui a révélé dans son discours inaugural que l'Algérie est « trop confortablement installée » dans la dépendance alimentaire, pense qu'il faut une démarche visant à impulser une nouvelle dynamique d'intégration. M. Hamiani stigmatise la marginalisation de la production nationale au détriment des importations alimentaires. En effet, la facture alimentaire d'importation, ajoute-t-il, est passée de 2,6 milliards USD en 2003 à près de 5 milliards en 2007. Pour lui, cette lourde tendance vers le « tout importer » trouve son origine dans les dysfonctionnements provoqués par le désancrage de l'appareil agroalimentaire. Critique et alarmiste, M. Hamiani considère que l'Algérie n'est pas encore consciente des dangers de la dépendance du marché mondial. Mohamed Ould El Hocine, président de la CNA, déplore, pour sa part, l'existence de « relations d'ignorance » entre les deux parties, agriculture et agroalimentaire, avant d'appeler au développement de « véritables filières » capables de booster le niveau de la production nationale en produits agricoles.