Après la violence verbale qui a fait fuir des familles entières des enceintes sportives, voilà que la violence physique prend de l'ampleur à travers les stades de football. La casse est si bien entrée dans les mœurs de certains supporters qu'il devient, aujourd'hui, difficile de cerner ce problème tant sa prise en charge conjoncturelle a totalement banalisé ce fléau. Le replâtrage n'a fait que contourner un phénomène alors que la situation exigeait des mesures courageuses loin de tous les copinages qui ont gravité autour de la discipline. Les différentes mesures prises jusque-là ont démontré que le problème de la violence n'a pas fait l'objet d'une attention particulière et accrue. Sinon, comment expliquer que toutes les structures mises en place ces dernières années n'ont survécu que le temps d'une campagne. Forts de cette faiblesse en matière d'éradication de ce fléau, les jeunes adeptes de la casse, à chaque résultat négatif de leur club, se donnent un malin plaisir à semer le désordre. Une situation qui a fait tache d'huile à travers les stades du pays au point que, du simple jet de pierres, le phénomène est passé à la bastonnade, au vol et au meurtre. des structures défaillantes Dès lors, les citoyens ne veulent plus s'aventurer aux alentours des stades à risque comme ils ont la hantise du jeudi soir. Les évènements de ces dernières semaines sont édifiantes sur la gravité de la chose. Entre temps, les structures de notre football, quand bien même elles ne seraient pas les seules responsables de cette recrudescence de la violence, se confinent dans des sanctions largement dépassées par l'ampleur des dégâts. Pis encore, de par les sanctions mises en place ces deux dernières saisons, les instances footballistiques laissent planer le doute de la culpabilité sur les seuls clubs de football. Ces derniers ont toujours refusé le rôle de « policier » dans lequel voulaient, indirectement, les impliquer les mesures disciplinaires mises en place par la Ligue nationale de football qui décrète des huis clos et des suspensions de terrain aux premiers jets de bouteilles par des jeunes pas forcément supporters. Un raccourci qui n'a rien réglé du tout, mais qui met en avant l'incompatibilité des textes en vigueur avec la réalité du terrain. Sur un autre plan, de quelle autorité judiciaire peut se prévaloir un club de football pour arrêter un supporter pris en flagrant délit de casse ? C'est dire qu'il est temps que les responsabilités de tout un chacun soient bien clarifiées et que cesse la fuite en avant qui a causé tant de torts. Il ne faut pas, pour autant, perdre de vue la responsabilité de certains présidents de club qui s'affichent à longueur de colonnes médiatiques pour attiser le feu autour d'une rencontre. Parfois, des messages dangereux aboutissent chez des supporters en mal d'adversité. l'inefficacité du mouvement associatif Aujourd'hui, et cela a été maintes fois souligné, le stade demeure un lieu expiratoire de ces millions de poitrines qui veulent crier haut et fort le désarroi du quotidien. La malvie se dénonce dans les tribunes, c'est vrai, car aucune structure, encore moins un parti politique, n'a pu être à l'écoute des revendications de ces jeunes. Faut-il les innocenter pour autant ? La seule réponse plausible est que la violence n'a jamais rien réglé. En face, et comme pour narguer ces jeunes, l'on n'hésite pas à fouler leurs espaces. A commencer par certains responsables de partis politiques qui ne s'affichent dans une tribune qu'à la veille d'élections. Grotesque manipulation. Il y a aussi tous ces meetings organisés dans les enceintes sportives, obligeant même, par moment, le report d'une compétition sportive. Une agression supplémentaire. La responsabilité de ces nombreuses associations qui gravitent autour du sport pour justifier leurs subventions est aussi à dénoncer dans la mesure où leur bilan moral est négatif. Les enceintes sportives sont à sauvegarder, c'est certain, mais cela ne peut réussir que si les autorités compétentes éliminent les éléments parasitaires qui ont envahi un domaine qui mérite beaucoup mieux que la clochardisation. Il y a une part importante pour le ministère de la Jeunesse et des Sports qui est dans l'obligation de mettre des garde-fous pour empêcher que la présidence des clubs aboutisse entre les mains d'intrus qui font du football, du sport d'une manière générale, un tremplin pour leurs sordides intérêts.