La modernisation du tissu urbain ! Voilà qu'à Djelfa, ce concept normalement générique, est sans acception franche puisqu'il semble signifier pour ceux qui nous administrent : effacer tout et refaire de zéro, même ce qui a toujours constitué la quintessence de la ville en termes urbanistiques ! Depuis que l'argent coule à flots en Algérie, les initiatives foisonnent sous couvert du souci incontournable de réhabiliter le tissu urbain à tout-va, dussent-elles (les initiatives) entraîner dans leur inconséquence, quelquefois, la gabegie de sommes faramineuses ! L'exemple le plus illustratif qui confirme cette absurdité nous est fourni par cette opération de recréer, vaille que vaille, le terre-plein du boulevard principal, une espèce de cloison surélevée au milieu de la chaussée dans le but est d'en former une séparation, c'est tout ! Depuis 20 ans déjà, cette idée fixe de couper en deux ce boulevard a largement produit la preuve de sa non- fonctionnalité. Ce terre-plein a été quatre fois fait et défait ! En revanche, l'idée est géniale pour le boulevard Sidi Naïl car immensément large. En témoigne la décision énergique du wali actuel de le démolir à bon escient dès son installation. Pourquoi, alors, l'avoir démoli s'il était vraiment utile ? Aujourd'hui, on ne sait pour quelle raison extraordinaire, on retombe dans un état de nécessité absolue de remettre ce terre-plein, sachant pertinemment qu'il induit fatalement le raccourcissement des trottoirs très aérés. Hélas, particulièrement celui le plus emprunté par les piétons qui s'en trouveraient désormais condamnés à jouer des épaules ! Le bon sens devrait avertir sur le fait qu'une idée valable à un endroit peut ne pas l'être dans un autre. Résultat, de nombreuses ruelles perpendiculaires au boulevard en question ne seront plus desservies à partir du boulevard et cela ira de facto en contradiction avec le plan de circulation de la ville dont l'objet était justement de multiplier les issues afin d'assurer une meilleure fluidité. Inutile de faire l'école polytechnique pour s'en apercevoir. Ceci, nonobstant les désagréments qui sont engendrés en ce moment par les travaux qui s'y déroulent, en ce sens que le creusement des nouvelles limites des trottoirs ramenés à leur portion congrue pour la pose de bordures neuves (les anciennes n'étaient pas non plus mauvaises), a causé la détérioration des conduites d'eau de beaucoup de foyers qui se sont retrouvés sans une goutte en plein été. Les citoyens crient haro sur la reconfiguration de la ville par certains de ses aspects, et ont même interdit aux entrepreneurs engagés de creuser à la pelle mécanique, ce qui risquerait de sectionner les conduites de gaz et d'électricité. Dire que pareils programmes requièrent obligatoirement l'association de la société civile, concernée au premier chef, car les administrateurs se verront un jour ou l'autre mutés ailleurs.