De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le devenir du Bardo n'a pas encore été crayonné, du moins, par les experts venus collaborer au workshop organisé à Constantine. Il faudrait encore patienter pour voir cette assiette de «charme» se métamorphoser comme le souhaitent d'ailleurs la majorité des défenseurs du paysage. Le wali, n'étant pas en reste, estimera à la fin du conclave que «Bardo reste attractif même s'il n'est pas aménagé». Ce n'est qu'une suggestion ! En fait, le workshop sur la restructuration et la modernisation de la ville de Constantine n'aura pas livré tous ses desseins -si ce n'est un prologue encore à l'état embryonnaire- émis à l'assistance, formée de professionnels, d'universitaires et des membres de la société civile… Ainsi, la clôture de cet atelier international, mercredi en fin d'après-midi à salle Malek Haddad, a vu principalement la lecture du bilan de ces trois journées d'étude et de prospections axées sur le noyau de départ de la modernisation de la cité millénaire. L'urbaniste algérien Sidi Boumediene, sollicité pour synthétiser les résultats, aura quelque peu laissé l'assistance, notamment celle qui n'est pas du domaine, sur sa faim quant au message qu'il voulait transmettre après concertation avec tous les participants, internationaux et locaux, sur la désormais problématique de l'aménagement du site Bardo. S'appuyant sur des généralités urbanistiques somme toute théoriques, l'intervention enveloppait autant de non-dits sur le devenir de ce site. «Il faut savoir sauvegarder le patrimoine matériel et immatériel de Constantine», n'a cessé de lancer l'urbaniste. «Nous avons été soufflés par ce site. Si on veut que Constantine soit compétitive, elle doit être attractive. Deux exposés ont été faits pour définir les lignes directives du projet de Bardo. Il s'agit en premier lieu de consigner une réflexion sur la forme de la charte par la dynamique d'une action soucieuse de tenir compte du site. En second lieu, il importe de réfléchir sur les effets de la modernisation. En d'autres termes, dans 20 ans, la nouvelle Constantine ressemblera à Constantine», a résumé Sidi Boumediene. «Laissons tranquille les paysages. Leur sauvegarde doit être absolue, comme le patrimoine. L'accessibilité doit être constante», souligne-t-il. Prenant la parole, le promoteur du projet, le wali en l'occurrence, semblait quelque peu «sceptique» sur les résultats, même s'il nous a affirmé le contraire à la fin des travaux. «Nous avons franchi une première étape. Une seconde verra le jour prochainement avec la venue d'autres experts internationaux pour d'autres avis et études sur l'éventualité de moderniser la ville notamment le Bardo», dira-t-il. Est-ce à dire que le workshop n'a pas paraphé, voire donné le quitus aux responsables locaux pour aménager le Bardo ? Difficile de répondre à cette question d'autant que le chef de l'exécutif soutient mordicus : «On ne veut pas se précipiter. Il faut savoir que la modernisation de Constantine est la première expérience qui sera menée en Algérie. L'erreur ne sera pas tolérée. Il faut qu'on ait l'art et la manière pour concrétiser ce méga chantier.» En définitive, les avis sur l'aménagement du Bardo demeureront partagés jusqu'à la tenue d'«une seconde expertise» internationale dont l'expérience est plus qu'affirmée… ou allant dans le sens de la modernisation… Qu'en est-il des autres réaménagements ? Pour ce qui est des autres points concernés par la modernisation, la ville est appelée à fournir à ses cadres tous les moyens nécessaires pour les «persuader d'y rester. L'amélioration de la qualité de vie des citoyens constitue une étape fort importante dans la restructuration et le développement», devait éclairer Sidi Boumediene avant d'insister sur la qualité urbaine de la ville qui va de concert avec l'évolution des projets. Sur un autre chapitre, l'orateur prônera la mise en place d'un vrai centre d'affaires à la nouvelle ville qui appuiera le pôle technologique souhaité par les autorités locales. Pour ce faire, estimera-t-il, le transport «synchrone» est une donne très importante pour créer l'interdépendance entre des échanges de services, de main-d'œuvre… C'est ainsi que le tramway devra précéder toutes ces étapes. En réalité, le constat élaboré par les experts tient à mettre en relief tous les détails constituants de la ville. Il faut repenser Constantine tel un archipel en y intégrant tous les nouveaux quartiers concernés par l'aménagement. Le respect de l'identité de la ville doit se manifester dans les actes d'aménagement. Pour réussir toutes ces éventuelles mutations, la création d'un organisme urbaniste, soit une agence urbanistique qui veillera au grain et pourrait intervenir à tout instant pour «rectifier le tir», est nécessaire. Cette agence ne s'occupera pas, cependant, de la réhabilitation. Sa mission s'articule autour de la conception et de la souplesse de la gestion. Elle devra notamment assurer la synergie entre tous les acteurs des projets.