Une opération qui « a plongé dans le noir tous les occupants du site », nous déclare une femme rencontrée sur les lieux. « Saisis de peur, nous nous sommes rapprochés des services de sécurité installés tout près de notre site, pour leur demander protection », ajoute notre interlocutrice. « Le lendemain, voyant que la situation n'a pas été rétablie, nous avons rebranché le courant nous-mêmes. Il n'est pas question que nos familles passent d'autres nuits dans ces conditions inhumaines », renchérit un homme, parmi les cinq citoyens ayant observé une grève de la faim pendant une semaine. Mais nos deux interlocuteurs divergent à propos de cet épisode. Pour le citoyen gréviste de la faim, « c'est la réponse des autorités à notre grève de la faim. Durant une semaine, hormis le premier responsable de wilaya du Croissant-Rouge algérien ainsi que les éléments des services de sécurité, aucun responsable n'a daigné se pencher sur notre situation ». Notre interlocutrice affirme, quant à elle : « Ce sont des agents de Sonelgaz qui se sont présentés à nous et non pas l'administration ». Auprès des services de Sonelgaz, l'on nous fait savoir que « cette coupure survient en raison d'une facture impayée par l'APC de Tizi Ouzou ». Une opération appelée à se renouveler « quel que soit l'organisme ou le client qui ne s'acquitterait pas de son dû », nous explique-t-on aussi. Désemparées, les 43 familles du site Eniem appréhendent l'hiver et les risques d'inondation. Des détritus se sont amoncelés ici et là, alors que le ruissellement des eaux usées rend l'espace inhospitalier. Les tentes visitées (elles sont une dizaine à subir les affres du temps inclément) présentent un parterre humide. « Après dix-huit mois dans l'attente d'un relogement, nous sommes gagnés par la résignation. L'état de nos malades s'aggrave de jour en jour », s'écrie un citoyen. Du côté des pouvoirs publics, l'on apprend que la prise en charge de ce dossier est prévue dans le cadre du programme de l'absorption de l'habitat précaire (RHP). Une opération qui concernerait, en plus des actuels occupants des divers sites d'accueil pour « sinistrés », les citoyens habitant huit bidonvilles de la commune de Tizi Ouzou. Ce sont pas moins de 450 familles à être concernées par le programme RHP, comme nous l'a souligné Mme le chef de daïra de Tizi Ouzou, lors d'une récente entrevue. L'administration semble résolue à en finir avec ce sempiternel problème de relogement des « familles sans toit ».