On trouve souvent chez Hocine Abrous une attitude, une certaine volonté de « contrôler » le réel -encore que son œuvre soit on ne peut plus étrangère à un découpage en « chants »- et une certaine façon de recenser avec exactitude, de comptabiliser avec une précision ponctuelle le matériau poétique : Ils marchaient, les corps droits et les têtes penchées Sans savoir lesquels d'entre eux reverraient le matin Ils allaient sur des champs sans parler Comme s'ils avaient craint, par un mot, de troubler Dans les pourpres du soir, la rumeur continue Qui montait des combats de la terre à la nue Cela n'est pas sans lien avec sa vision du monde, car cet homme de la parole est aussi un homme de l'engagement résolu dans l'action. Et quand il parle des choses et des êtres, ce n'est pas pour les masquer, mais pour les « dire » dans leur exigeante vérité II faut qu'en nos foyers éteints le feu pétille Et que l'assassin reste au fond de son trou Sans venir outrager nos filles et nos sœurs Qui trouveraient en nos douars des défenseurs Voilà ce que je dis, car on m'assure que, dans ces temps de troubles, la campagne est peu sûre Et que l'on assassine ici dans votre tour Or si l'aigle me plaît, j'ai l'horreur du vautour II était une fois l'horreur, les troubles, l'insécurité. Les Algériens avaient peur. IIs dormaient peu et sortaient dans les rues ou les champs en s'attendant, à chaque tournant ou talus, à l'horreur. Et, Hocine Abrous, un homme de parole et d'action, était engagé contre l'horreur, pour l'Algérie de toujours, pour son peuple généreux qui a tant sacrifié pour son bonheur. Mais, l'amour, ce sentiment et cette profondeur si humaine, n'est pas exclu de la poésie de Hocine Abrous. Le voici décrivant, comme la majorité des poètes, sa « muse » : La dame blonde, aux yeux de mer, dans le soir d'or Au vu de la falaise où la mer se brise Plonger à l'horizon le soleil, et la brise Errante entre ses cils à demi-clos, l'endort Et l'homme des rêves arrive par une belle nuit Les étoiles au ciel pointent l'une après l'autre Et surprenant l'amoureuse aux bras de l'amant, la lune Jette un rayon d'argent sur leur premier baiser Hocine Abrous croit, dur comme fer, que le poème est chaque fois, toujours, la première aventure, la dernière, la seule, où tout se joue, où tout se donne 1) Poète arabophone. Parmi ses œuvres, citons : Mille fenêtres et un mur, Voies sur le fil du cœur.