L'Europe imagine de nouvelles sanctions contre l'Iran pour l'amener à renoncer à son programme nucléaire, ne craignant pas de se placer en porte-à-faux avec une réalité qu'elle a favorisée et ensuite occultée. Il s'agit de l'arsenal nucléaire israélien jamais recensé comme tel, sinon des prétextes farfelus sont trouvés. C'est pourtant dans ce contexte que surgit Israël dans le rôle du justicier, mais cela lui va très mal, lui qui ignore les lois internationales et ne figure dans aucun tableau des puissances nucléaires, alors même qu'il en est une et depuis bien longtemps. C'est Shimon Peres qui, dans de rares confidences, a révélé l'existence de l'arsenal nucléaire israélien, et surtout l'étendue des complicités occidentales qui ont permis la fabrication de la bombe atomique israélienne. Et ce n'est pas fini, puisque l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'a même pas le droit d'évoquer ce sujet et encore moins d'y enquêter. Pourtant, c'est Israël aujourd'hui qui alimente ce qui apparaît comme une mise en condition de l'opinion, préalablement préparée par d'autres puissances parties en guerre contre des cibles de leur choix. Et l'Iran en est une, malgré le caractère contesté du verdict. Mais cette fois, on semble loin de la guerre des nerfs, avec des manœuvres militaires israéliennes d'une ampleur exceptionnelle effectuées au début du mois en Méditerranée. Plus de 100 avions de combat F-16 et F-15 israéliens ont pris part à des manœuvres avec la Grèce au cours de la première semaine de juin pour préparer l'armée à des attaques à longue distance, selon le New York Times, qui a cité des responsables américains. « Lorsque Israël a attaqué la centrale nucléaire irakienne (d'Osirak) en 1981, l'armée de l'air a également procédé à un vaste exercice. A la différence près, qu'Israël n'a pas menacé mais frappé », relève le correspondant militaire du quotidien Yediot Aharonot. « Il en va de même lors du raid en Syrie (en septembre dernier). Nous n'avions pas menacé auparavant. Aujourd'hui, nous le faisons. Les Iraniens peuvent être rassurés, quand un chien aboie, il ne mord pas », ironise-t-il. Pour le spécialiste des services secrets du quotidien Haaretz, Yossi Melman, ces grandes manœuvres et les avertissements israéliens incessants sur le programme nucléaire iranien signifient qu'Israël se « prépare au pire scénario ». Poussé vers la sortie, le Premier ministre israélien se sert de ce prétexte pour rester sur la scène politique et surtout reporter tout nouveau débat sur la question essentielle, soit le processus de paix, devenu l'otage de cette agitation, une spécialité bien israélienne. « Je n'ai pas besoin de vous dire que les dangers et les menaces pour la sécurité d'Israël ne se sont pas dissipés et dans certains aspects sont plus graves qu'auparavant », a ainsi déclaré M. Ehud Olmert. Des hélicoptères participaient à ces manœuvres, de même que des avions de ravitaillement, qui ont volé sur près de 1500 km, soit à peu près la distance séparant Israël du centre d'enrichissement d'uranium iranien de Natanz, a précisé le New York Times. « Les forces aériennes israéliennes s'entraînent régulièrement pour des missions variées pour faire face aux défis que représentent les menaces », a indiqué un porte-parole de l'armée, sans vouloir commenter davantage. Le régime iranien est accusé de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert de programme civil, ce qu'il dément. Le ministre iranien de la Défense, Mostafa Mohammad Najar, a qualifié hier d'« opérations psychologiques » les informations sur un risque d'attaque israélienne contre des sites nucléaires en Iran tout en affirmant que la réponse de Téhéran serait « destructive ». « Il semble qu'une série d'opérations psychologiques soient menées actuellement pour intimider la République islamique et l'amener à renoncer à son droit absolu et légitime » en matière nucléaire, a déclaré Mohammad Najar. « Mais l'Iran ne sera pas intimidé par ces menaces sans fondement et ne renoncera pas à son droit » a-t-il poursuivi. Mohammad Najar a ajouté que l'Iran « ne commencera aucun conflit mais punira avec force tout agresseur ». Cela tranche avec les craintes formulées samedi par le directeur général de l'AIEA qui a estimé qu'une attaque contre l'Iran transformerait la région en « boule de feu ». Que signifie alors un tel discours, ouvertement belliqueux des Israéliens ? Est-ce là le nouveau feuilleton de l'été ? C'est déjà une totale diversion.