Huit familles sur un total de quarante, habitant les logements affectés aux enseignants et aux cadres de l'ex-Ecole nationale supérieure d'administration et de gestion (actuellement Ecole nationale des banques), située à Bouzaréah, sur les hauteurs d'Alger, ont fait l'objet, hier, d'une expulsion. L'opération s'est déroulée sans qu'aucun incident ait été signalé. Et pour cause, un impressionnant dispositif de sécurité assiégeait toute cette cité annexe à l'ex-ENSAG. Des dizaines de gendarmes de la brigade d'intervention, vêtus de tenue spéciale de protection, et des chiens renifleurs étaient parés à toute épreuve. Les forces de l'ordre étaient visiblement postées aussi bien au bas des cages d'escalier qu'à l'entrée principale. « Ce sont des employés de l'Ecole nationale des banques qui ont défoncé nos portes sur ordre du directeur de cette école et en présence de la force publique et de l'huissier de justice », nous dira un citoyen. « C'est Ahmed Ouyahia le vrai responsable. C'est lui qui a procédé, en 1997, à la dissolution de notre école et à la cession de l'ensemble immobilier au profit de la Banque d'Algérie. » Lui emboîtant le pas, un autre locataire affirmera que toutes les démarches entreprises auprès des plus hautes autorités du pays sont restées sans suite. « Nous avons envoyé des dossiers ficelés aux plus hauts responsables du pays, mais aucun ne veut prendre ses responsabilités », lâche-t-il. Trois familles habitant une autre cité de 18 logements qui fait face à l'école ont reçu des ordres d'expulsion sous 24 heures. Une ancienne base de vie, constituée de chalets où loge une partie du personnel de l'ex-ENSAG (16 familles), est concernée par cette expulsion. Interrogé, l'huissier de justice attestera que les autres familles seront expulsées dans le courant du mois de janvier 2005 « dès que la cour aura programmé cette opération ». Les anciens cadres de l'ex-ENSAG sont désormais jetés en pâture. Inaugurée par le défunt Mohamed Boudiaf sur un site de 17 ha, l'ENSAG, qui devait accueillir 5000 places pédagogiques, avait été bradée au profit de la Banque d'Algérie. Elle n'a pas résisté aux appétits aiguisés des fossoyeurs de la République. Un bradage qui demeure jusqu'à aujourd'hui obscur.