Dans une tournée qui tire à sa fin, le prodigieux groupe de rock kabyle Les Abranis, avait fait, jeudi dernier, une escale à Bouira. La salle Erich qui accueillait le spectacle car il s'agit bien d'un spectacle où la gestuelle endiablée avait été jointe à la musique età la parole ô combien significative et porteuse d'espoir s'est avérée trop exiguë pour contenir la foule présente. Durant plus de 3 heures, le meneur du groupe, Karim, accompagné de sa progéniture qui lui tient compagnie, avait réussi à faire vibrer une assistance constituée dans sa grande majorité de jeunes. Le groupe des rockers n'a ainsi perdu aucun grain de son charme d'antan. Les mélomanes venus des différentes localités de Bouira ont tenu à ressasser le vieux souvenir, tout en exprimant leur joie de revoir encore une fois leur groupe favori. L'auditoire des Abranis est donc resté intact. La foule nombreuse ayant assisté à ce gala n'a pas cessé d'accompagner ses chantres. Des chansons à l'instar de Avehri (La brise) ou Tizizwa (Les abeilles) ont été chantées en chœur par un public assoiffé. D'autre part, faut-il souligner que les Abranis ont eu le mérite d'égayer la ville de Bouira, le temps d'une soirée ? Car, il va sans dire que la morosité qui a de tout temps régné par là n'est que la résultante du manque d'intérêt accordé à la culture, notamment par les responsables. Le public bouiri a donc eu l'occasion de prouver son attachement indéfectible à l'art. Un point qui n'a pas échappé au ténor des Abranis (Karim), lui qui dira au cours d'une halte : « L'Algérie est un pays riche, mais sa grande richesse ce sont les jeunes… C'est vous ! » Pour rappel, le groupe Abranis avait été créé en 1967 par deux immigrés amateurs de la tendance ambiante. Il s'agit de Karim Abranis, de son vrai nom Sid Mohand Tahar et Chemini Abdelkader, connu sous le nom d'artiste Shamy Elbaz. Le nom du groupe (Les Abranis) avait été donc puisé dans l'histoire, dont la souche des Branes avait été évoquée par l'illustre historien Ibn Khaldoun dans ses Prolégomènes. Le groupe avait réussi ses sorties en Algérie comme ailleurs où il s'est produit. Quelques années après, une petite éclipse avait été observée, notamment durant la décennie 1990 ; et voilà que les ténors reprennent du chemin, pour enfin retrouver leur public dont les rangs ne cessent de s'agrandir.