Dans sa conférence de presse, hier, le Chef du gouvernement a annoncé la tenue d'élections partielles dans les communes concernées et confirmé l'engagement pris avec les archs de dissoudre les assemblées installées après les communales du 10 octobre 2002. Voilà qui devrait sans doute mettre fin à la spéculation : le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a confirmé hier à Alger la tenue des élections partielles en Kabylie. Même s'il n'a pas avancé de date précise, il a néanmoins affirmé que “les Assemblées locales à Béjaïa et à Tizi Ouzou seront renouvelées”. “J'ai engagé le dialogue (avec les archs, ndlr) au nom de l'Etat depuis fin 2003, et en 2004 nous avons pris un engagement sur la question des élus. La question ne concerne pas le Parlement car les députés ont un mandat national, mais les Assemblées locales, c'est une affaire de l'Etat, de l'Exécutif. On va traiter cette question dans la sérénité. J'ai déjà contacté les partis de l'alliance et je vais contacter même les autres partis dont le FFS. Mais les Assemblées locales seront renouvelées”, a expliqué le Chef du gouvernement lors d'une conférence de presse animée à Djenane El-Mithaq à Alger. Et si Ahmed Ouyahia prend la précaution de préciser que les Assemblées locales relèvent de l'Exécutif, ce qui, faut-il le souligner au passage, prête à équivoque, contrairement, selon lui, au Parlement dont l'élection avec la présidentielle et le référendum sont validés par le Conseil constitutionnel, c'est parce qu'il n'exclut pas l'éventualité de l'échec de la concertation avec les parties concernées, auquel cas l'Etat serait appelé à prononcer leur dissolution. “L'Etat a donné sa parole. Il y a beaucoup de choses qui nous permettent d'être optimistes. C'est vrai que ça peut demander des semaines de dialogue, de concertation mais je suis optimiste pour le règlement de la question. Mais si ça ne marche pas, l'Etat va utiliser la loi”, a-t-il dit. Il faut noter que ces élections concernent également d'autres communes dans d'autres wilayas, à l'image de Khenchela et Bouira. Interrogé sur la réticence du MSP et du FLN exprimée autour de cette question des “indus élus”, l'un des points de l'accord avec les archs dialoguistes, et les éventuelles retombées sur la cohésion de l'alliance, Ahmed Ouyahia a suggéré à demi-mots qu'ils finiront par retirer leurs élus. “Je ne vais pas parler au nom de mes amis. Je suis fortement enclin à l'optimisme et l'avenir le démontrera”, a-t-il assuré. Ouyahia qui affirme que le dialogue avec les archs “marche bien” a toutefois esquivé superbement la question relative à l'absence de “résultats sur le terrain”, ou encore celle du retrait de la gendarmerie, de l'officialisation de tamazight et la mise sous l'autorité effective d'institutions démocratiquement élues de tous les corps de sécurité. “Allez-y sur le terrain”, a-t-il suggéré à la journaliste, auteur de la question, non sans rappeler, d'ailleurs presque à chaque fois qu'il est relancé sur la question du dialogue, que l'accord entre les deux parties stipule que la mise en œuvre se fera dans le cadre de la Constitution et des lois de la République. “Je n'ai peur que de Dieu !” Bien entendu, la sortie d'Ahmed Ouyahia hier consacrée pour l'essentiel à la présentation de son bilan n'a pas manqué d'alimenter les spéculations d'autant qu'elle intervient à un mois de la présentation de sa déclaration de politique générale devant le Parlement et à quelques jours de la tenue du Sommet arabe à Alger. Et si l'on donne du crédit aux informations faisant état de l'imminence d'un remaniement gouvernemental, le lien est vite fait. Dans ce contexte, à la question de savoir s'il ne nourrissait pas quelques “craintes” avant le test du Parlement, Ouyahia s'est montré serein. “Je n'ai pas peur. Je n'ai peur que de Dieu”, a t-il dit. Comme pour signifier qu'il y a une bonne entente avec le Président, “un homme courageux et déterminé”, dit-il, Ouyahia soutient que “légalement, je devais être à la retraite”. “Mais si j'ai accepté ce poste, c'est sur la base de la conviction et de cohésion autour d'un programme”, a-t-il précisé non sans ironiser que “certains tentent de lire à travers la boqala”. Entendre, certains s'adonnent à la voyance. D'ailleurs, il ne perçoit pas les amendements apportés au code de la famille lors du Conseil des ministres comme un désaveu pour lui. “Aucune virgule n'a changé concernant la polygamie et on a parlé au Conseil des ministres, mais je ne peux pas aller à contre-courant de la société”, a-t-il affirmé. Sur les auditions des ministres, prélude, aux yeux de certains, à un éventuel changement de gouvernement, Ouyahia rappelle que “nous sommes dans un régime présidentiel”. “J'assistais, et il y a des décisions importantes que nous prenons”, a-t-il dit non sans faire observer qu'il ne s'agit pas d'une relation “élèves-enseignant”, avec tout le respect pour ce “dernier”, précise-t-il. Quant à l'absence régulière de Benachenhou, un homme réputé proche du Président, il soutient qu'“il ne faut pas voir ceci ou cela”. “Nous sommes une équipe et Benachenhou est un collègue”. “Le Cnapest, un syndicat de l'anarchie” Comme Bouteflika, Ouyahia n'a pas caché sa préférence pour l'UGTA, un syndicat dont “nous sommes fiers qu'il n'est pas resté dans des positions dogmatiques”. “L'UGTA, a t-il expliqué, est le syndicat qui représente le plus. Quant à ce qui est appelé le Cnapest, il a une façade démocratique mais à l'intérieur, il a confirmé qu'il est anarchique.” Par ailleurs, il s'est refusé à répondre à une question sur Khalifa. “Demandez au juge et au liquidateur”, s'est-il contenté de répondre. “Pas de bureau pour Al-Djazira !” À contre-courant des rapports des ONG et autres médias internationaux, Ahmed Ouyahia estime que les libertés se portent bien dans le pays. Selon lui, “s'ils disent du mal de nous, c'est parce qu'on refuse de se plier”. “On n'avait entendu d'eux que le Qui tue Qui ?” L'Algérie est une maison transparente et comme dit l'adage, “le charbonnier est maître chez soi”. Sur l'interdiction de diffusion de certains titres étrangers comme Afrique Magazine ou encore Le Monde Diplomatique, Ouyahia a indiqué qu'“il n'y a pas de censure”. “Je peux vous certifier qu'il n'y a pas de censure. Quant à Al-Djazira, nous sommes libres d'accepter ou non un bureau”, a-t-il dit avant de trancher : “Nous n'ouvrirons pas de bureau, c'est comme ça !” Ouyahia qui se dit “triste” et “affecté” de voir certains parmi “les siens” prendre “du goudron pour badigeonner la maison Algérie” à chaque visite d'une délégation étrangère, allusion au Medef, a affirmé quant à l'activité partisane “que la majorité s'est unie et qu'il appartient aux autres partis d'activer”. “Ce n'est pas au régime de le faire. Ils peuvent seulement attendre qu'il ne les empêche pas d'activer”, a-t-il dit. “D'ailleurs celui qui veut organiser un meeting, on loue les salles gratuitement.” Par ailleurs, il a exclu que la loi sur les hydrocarbures fasse éclater l'alliance. K. K.