Le petit village de Tighzert, dans la commune de Beni Djellil (Daïra d'Amizour), a vu partir beaucoup de ses enfants en quête de cieux cléments. La difficulté de la vie dans cette région montagneuse a fait céder plus d'un à la tentation de l'émigration pour vider le village d'une bonne partie de sa population. Aujourd'hui, une cinquantaine de familles y vit. Tighzert fait partie d'une quinzaine de villages et hameaux constituant cette commune de plus de 11 000 habitants. Le chemin de wilaya n°22, qui lie la commune de Beni Djellil, au nord, à celle, limitrophe, de Semaoune, et au sud à la commune de Beni Maouche est « mal accueillant » contrastant avec l'hospitalité légendaire des villageois. Sa dégradation n'encourage pas les automobilistes à l'emprunter plus souvent, notamment pour les rares transporteurs de voyageurs. Sur toute la longueur de ce chemin, seul le tronçon qui lie Tighzert au plus proche village qui le surplombe, Aghbala en l'occurrence, donne plus ou moins satisfaction pour avoir été retapé il y a quelques mois. Dans cette région au relief accidenté et où manquent les pistes agricoles, les distances entre villages sont allongées par ces routes sinueuses qui les serpentent. « Nous avons proposé l'ouverture d'une route vers Amasine et aussi promesse nous a été faite pour les pistes agricoles » nous dit Karim Benzema, le président de l'association de Tighzert, Tiwizi. L'association compte porter les revendications nombreuses du village. À commencer par celles de la jeunesse qui manque affreusement de travail et d'infrastructures qu'il faut. Les jeunes trouvent dans le café du village l'un des rares lieux de rencontres qui supplée l'absence d'une Maison de jeunes. C'est un peu leur « auberge de jeunes ». Pour pouvoir se défouler dans des parties de football, le volontariat des jeunes villageois a permis de défricher et délimiter un terrain sur lequel l'on a posé des buts pour constituer ce qui tient aujourd'hui du stade de Tamesna. Un bout de terrain de fortune qui donne quand même de la joie. Il est derrière le café et fait la fièrté des jeunes que nous avons rencontrés. Pour eux, il est mieux situé que celui que compte réaliser l'APC à Asufit, en haut de la montagne, au village Milkat qui, comme son nom l'indique, est à 1004 mètres d'altitude. « En été, au-delà de 19h, il faut porter un manteau tellemment il y fait froid » nous dit Rabie, le cafetier du village. « En plus, le terrain est exigu ; il a 45 mètres de largeur et près de 60 de longueur. Celui que nous proposons et plus grand et plat » ajoute Karim Benzema pour plaider en faveur de l'aménagement du terrain de Tamesna qui, selon lui, « arrange tout le monde ». Comme le reste des habitants de la commune, les villageois sont contraints à des déplacements vers les communes limitrophes pour pouvoir accéder à certains services, Beni Djellil étant orpheline de beaucoup d'infrastructures d'utilité publique. « Parce qu'il n'y a pas de CFPA dans la commune, les stagiaires sont obligés de se déplacer vers El Kseur ou Amizour. Même problème pour les lycéens qui poursuivent leurs études au lycée de Semaoune qui n'est pas doté d'internat. Pour l'internat il faut aller jusqu'à Timezrit » affirme notre interlocuteur. Pour les paliers inférieurs, les collégiens sont inscrits au CEM de Taourirt, le chef lieu communal ou, depuis la dernière rentrée scolaire, au tout nouveau CEM d'Aghbala et les petits écoliers doivent se contenter pour l'instant des trois classes de l'école primaire. Mais, pour les premiers comme pour les seconds, le ramassage scolaire est un luxe inaccessible.