Relevant de la daïra d'Amizour, la commune de Beni Djellil, sise à 65 km du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, accuse un retard criant en matière de développement. Englobant plus d'une dizaine de villages, la municipalité subit de plein fouet les effets de l'enclavement. Pour l'illustration, il suffit de relever que pour un simple papier administratif, l'habitant de Beni Djellil doit faire un long détour, en passant par Semaoun, Timezrit et El Kseur, pour rallier enfin la ville d'Amizour, soit une durée de deux heurs de temps. Commentant cette situation, un villageois nous dit : « Je ne comprends pas sur quel critère l'on a procédé au découpage administratif. L'on est quand même beaucoup plus proche de la daïra de Beni Maouche, que de celle à laquelle notre circonscription est rattachée ». Devant cette situation, la commune continue à se vider de sa population et il ne reste aujourd'hui, selon les élus, que 7800 habitants dans la contrée, la plupart ayant pris le chemin de l'exode. Ceux ayant préféré s'accrocher à la terre natale, sont livrés au chômage. Les plus chanceux, comme nous fait remarquer un jeune, sont ceux qui décrochent un travail comme manœuvre à El Kseur ou à Béjaïa, en déboursant la moitié du salaire gagné durant la journée pour le transport. Le vice-président de l'APC, M. Hachemi Cheurfa, avoue que l'exécutif ne possède nullement les moyens de créer des emplois dans la localité. « Nous avons crée la régie communale qui nous a permis de recruter une vingtaine de personnes, mais c'est insignifiant par rapport au nombre important de demandes d'emploi que nous recevons au quotidien. Les hautes instances doivent intervenir pour créer une dynamique économique dans la région par l'exploitation, à titre d'exemple, des gisements de carrières existants sur notre territoire », nous dit-il. Outre le chômage, la couverture sanitaire est loin d'être satisfaisante à l'échelle de cette localité. En effet, la polyclinique sise au niveau du village de Tighzert connaît un déficit flagrant en moyens médicaux et paramédicaux. Le déficit est amorti par la présence de deux médecins exerçant à titre privé au niveau d'Aghbala et Bounaim, mais les malades sont obligés de se rendre jusqu'aux villes limitrophes pour acheter les médicaments, puisque aucune pharmacie n'est ouverte dans la localité. L'on signale également l'absence d'une sage femme pour assurer le suivi des grossesses. « L'affectation d'une sage femme a été promise par la tutelle, mais l'on attend toujours que l'on daigne tenir ses engagements », nous déclare pour sa part le P/APC, M. Salem Kaci. D'autre part, les unités de soins, qui sont en nombre de trois à savoir ; Tamridjt, Tirezza et 1004 (village appelé par les français en référence à son altitude) sont une autre source d'indignation pour villageois en raison de leur défaillances. La scolarité des enfants de la commune est un autre souci permanent dans la région. Par manque de lycée, les lycéens de Beni Djellil éprouvent un grand mal à suivre les cours du cycle secondaire et sont éparpillés un peu partout au niveau des établissements des autres localités, comme Beni Maouche, Timezrit, Sidi Aïch et El Kseur. Déperdition scolaire Une situation difficile qui n'est pas sans conséquences sur le rendement des élèves dont beaucoup ont très tôt rangé leurs cartables pour quitter les bancs du lycée. « Nous voulons bénéficier, à l'image des autres communes, d'un lycée pour assurer des chances égales de réussite à nos enfants », nous dit encore M. Cheurfa. Notre interlocuteur informe qu'une assiette de terrain est disponible pour accueillir cette infrastructure éducative. Les choses ne vont pas mieux dans le cycle inférieur, puisque la surcharge qui caractérise le CEM de Taourirt complique beaucoup la scolarité des collégiens. L'implantation d'un autre CEM est perçue comme une urgence par les responsables locaux. L'on note également que les enfants qui fréquentent les écoles primaires de Tiguemmunine et Bounaim ne cassent plus la croûte pour cause d'absence de cantines scolaires. Sur un autre plan, le problème de la pénurie d'eau potable perturbe de plus en plus la vie des villageois notamment en été. Pourtant, la commune est riche en sources naturelles telles Tala N'Aït Saïd, El Merj Ummenaâ, Aslat, et Tala Antia. Celles-ci restent malheureusement non exploitées. Leur exploitation nécessite, selon les responsables de la commune, des efforts financiers dépassant les moyens de l'APC. Pour étancher leur soif, les habitants de certains villages, à l'image de Tala Moumen, Taourirt et Bounaim, ont du recourir à la réalisation de forages privés dont le nombre est estimé à plus de 1500 au niveau de ces trois villages, selon le bureau d'hydraulique communal. En attendant que l'expérience du village de Tiguemmounine, qui sera alimenté en réseau après la mise en place du transformateur électrique, soit généralisée aux autres localités du nord de la circonscription, les villageois prennent leur soif en patience.