L'Afrique a donné, hier, un sens aux engagements qu'elle a elle-même établis depuis près d'une décennie, soit depuis qu'elle a adopté le Nepad (nouveau mécanisme pour le développement) et en a fait une préoccupation internationale, comme le prouve la participation des pays membres aux différentes réunions du G8 (groupe des pays les plus industrialisés). A cet égard, le sommet qui s'est achevé hier a finalisé la préparation par l'Afrique au sommet de Hokkaido au Japon qui se tient dans tout juste quelques jours (7 et 8 juillet). L'Union africaine, les Nations unies et d'autres organisations internationales ont ainsi lancé, hier, une feuille de route destinée à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), appelant les donateurs à remplir leurs engagements envers l'Afrique. Ils ont appelé dans un communiqué les pays industrialisés du G8 à « tenir leurs promesses pour soutenir le développement africain ». « Les dirigeants africains attendent des pays du G8 qu'ils concrétisent leurs promesses, il va de la crédibilité des engagements internationaux », a déclaré le chef de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping. En 2000, les Etats membres de l'ONU s'étaient engagés sur huit objectifs à atteindre d'ici 2015 : réduire l'extrême pauvreté et la faim, assurer l'éducation primaire pour tous, promouvoir l'égalité et l'autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida et le paludisme, assurer un environnement durable et mettre en place un partenariat mondial pour le développement. « Jusqu'à présent, il n'y a pas d'entente claire parmi les principales institutions multilatérales sur les politiques, projets et programmes spécifiques pour mettre l'Afrique sur la voie des OMD », a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, cité dans le communiqué. « Les recommandations du Groupe de pilotage pour la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement en Afrique présentent une feuille de route pour réaliser des progrès sans précédent et nécessaires dans la région », a-t-il ajouté. Le président en exercice de l'Union africaine, Jakaya Kikwete, souligne pour sa part que les recommandations du rapport étaient « un appel à l'action ». Elles suggèrent « des investissements dans l'agriculture, l'éducation, la santé et l'infrastructure, essentiels pour atteindre les OMD ». « Nous devons appliquer les recommandations pour parvenir à stopper la propagation de la faim, des maladies et de la souffrance ». La montée des prix des denrées alimentaires, la flambée des prix du pétrole et les changements climatiques menacent les progrès effectués sur la voie des OMD, prévient le texte. La Banque mondiale a prévenu que les prix élevés des denrées alimentaires et les changements climatiques pourraient pousser plus de 100 millions de personnes à l'extrême pauvreté. Les pays du G8 s'étaient engagés, lors de leur sommet de 2005 à Gleneagles (Royaume-Uni), à doubler leur aide pour les pays en développement en l'augmentant de 50 milliards de dollars (32 milliards d'euros) d'ici 2010, dont la moitié pour l'Afrique. Mais sur les 25 milliards de dollars promis en 2005 pour l'aide au développement de l'Afrique, près d'un quart seulement a été versé, souligne le communiqué. A Tokyo, le secrétaire général de l'ONU a appelé, hier, le G8 à remplir ses engagements lors de son sommet qui devrait être consacré à l'aide à l'Afrique et la lutte contre le réchauffement climatique. Là n'est qu'un appel, un autre dira-t-on, après le mythe sinon le mensonge de l'aide au développement qui a servi de support à bien des politiques avant qu'il ne s'effondre. Il est à craindre en effet que les engagements en direction de l'Afrique soient réduits, sans objectif chiffré d'aide au développement et de peu de nouveauté dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. M. Ban a estimé lors d'une conférence de presse que les pays riches devaient prendre les commandes pour affronter la « triple crise » du changement climatique, de la pauvreté et de la montée des prix alimentaires. M. Ban a souligné que les pays du G8 devaient « remplir leur engagement de Gleneagles ». C'est ce qui explique le silence du sommet, sinon son peu d'empressement à accepter les pressions exercées sur lui en ce qui concerne en particulier la crise au Zimbabwe qui a été de fait imposée de l'extérieur comme la question essentielle sinon l'unique de ce sommet. Mais à son tour, un tel silence n'explique pas tout, car il y a une question zimbabwéenne comme l'ont constaté les institutions africaines à commencer par ses parlementaires et ensuite ses observateurs qui ont tout simplement rejeté l'élection présidentielle qui vient de se dérouler dans ce pays. Comme la bonne gouvernance et les notions les plus élémentaires des droits de l'homme, cela aussi fait partie de ses préoccupations.