La rentrée scolaire 2008-2009 est-elle, d'ores et déjà, compromise pour le cycle de l'enseignement moyen ? Les indices révélés par les résultats des examens de 6e année fondamentale (AF), 5e année primaire (AP) et de 4e année moyenne (AM) montrent que le cycle moyen connaîtra une rentrée scolaire inédite. Ainsi, les établissements du CEM, au nombre de 4500, devront accueillir en tout près de 3 333 000 élèves. Ceux-ci arrivent du cycle primaire avec 785 942 élèves de 6e AF – passés d'office – et les 568 981 de 5e AP, dont le taux de réussite a atteint les 97,5%. A elle seule, la 1re AM va voir, donc, son effectif plus que doubler en raison de la jonction des classes de 6e AF et de 5e AP, mesure dictée par l'application de la réforme du système éducatif. La donne aggravera le sureffectif en la couplant avec les résultats du passage en 1re année secondaire (AS) et ceux du BEM. Avec un taux de passage en 1re AS qui est de 68%, et celui du BEM avec 49%, un grand nombre d'élèves de 4e AM vont être rappelés pour l'année scolaire prochaine. C'est dire que les CEM vont devoir être un véritable réceptacle pour absorber cette marée de scolarisés. Le 29 juin 2008, le ministre de l'Education nationale donne le ton : la prochaine rentrée scolaire sera « particulièrement difficile », au regard du nombre important d'élèves attendus – au cycle moyen. Il a mis sur le qui-vive les directeurs de l'éducation pour garantir toutes les conditions matérielles et humaines pour accueillir ce nombre important d'élèves des deux systèmes confondus (ancien et nouveau). Le ministre a, également, exprimé ses appréhensions face au risque de la non-réception intégrale de ce nombre d'élèves dans les 410 CEM programmés. M. Benbouzid a déjà mis sur pied ce qui s'apparente à un plan Orsec : « Nous aurons à notre disposition 5000 salles de classe destinées aux élèves de la première année moyenne. Nous allons également demander au gouvernement de recruter et de former dès maintenant des enseignants pour la prise en charge de l'arrivée de deux cohortes 6e AF et 5e AP. » Son département prévoit, également, de recourir aux nouveaux lycées comme solution provisoire en attendant l'achèvement des CEM en chantier. Mais la tension exceptionnelle que devra subir le cycle moyen inquiète également le partenaire social et les parents d'élèves. Le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) a appelé hier à Alger le ministre de l'Education nationale à accorder le rachat à partir de 9/20 pour le passage en 1re AS. Le responsable du SNTE, Abdelkrim Boudjenah, a fondé sa revendication sur les erreurs relevées dans les épreuves de mathématiques et d'histoire-géographie de l'examen du BEM. « Le problème posé en mathématiques était compliqué, long et inaccessible pour 95% des candidats. Il n'était pas fondé sur le guide distribué aux enseignants. » La mesure de rachat, pour lui, va atténuer la tension sur les CEM. Le conférencier invite le ministre de l'Education nationale à prendre en charge « ce problème majeur » qui, a-t-il dit, lèse beaucoup d'élèves en raison de la décision de renoncement au système de rachat sous prétexte de « hisser » le niveau de l'enseignement, réitérant son appel et celui des parents d'élèves au ministre en vue de « corriger » les erreurs relevées dans les épreuves de ces matières. « Comment peut-on exclure un élève qui a obtenu une moyenne supérieure à 13/20 pendant l'année scolaire et une note de 9,95 au BEM », s'est interrogé le secrétaire général du SNTE. Il est à souligner que la note de passage en 1re AS est calculée sur addition de la moyenne générale des trois trimestres et de la note du BEM, le tout divisé par deux. Ainsi, de brillants élèves vont devoir refaire la 4e AM à cause d'un petit faux pas au BEM. Tout compte fait, le SG du SNTE prévoit une surcharge des classes au CEM entre 45 et 52 élèves par classe. Concernant le faible niveau de réussite au BEM, M. Boudjenah a affirmé que ce résultat reflétait « la difficulté » rencontrée par les élèves à l'examen en raison de la non-conformité des sujets de la plupart des épreuves avec les programmes enseignés pendant l'année, relevée dans les rapports des enseignants correcteurs. Le responsable s'est, en outre, interrogé sur « la crédibilité » du BEM, ainsi que sur le motif d'une évaluation de l'élève sur la base d'une ou deux journées d'épreuves et non pas sur la base des résultats obtenus tout au long de l'année scolaire. Il a indiqué que la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique se réunira jeudi 3 juillet.