Après six années de captivité aux mains des Forces armées révolutionnaires colombiennes (Farc), la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt est sortie du cauchemar de ses tortionnaires mercredi 2 juillet. Elle est enfin libre ainsi que 3 Américains et 11 militaires colombiens qui étaient prisonniers depuis plus de 10 ans. Une libération rendue possible grâce à une opération de l'armée colombienne digne d'un film d'espionnage. L'armée colombienne, qui a réussi à infiltrer les Farc, a fait croire qu'un de leurs dirigeants désirait rencontrer ces otages politiques. Deux hélicoptères devaient venir les chercher. Les 15 otages se sont préparés. Une fois les deux hélicoptères arrivés, les otages et leurs geôliers sont montés dedans. Au moment du décollage, les deux guérilleros sont mis à terre. Un agent de la force spéciale colombienne a déclaré aux otages : « Nous sommes de l'armée colombienne. Vous êtes libres. » Cris, pleurs et sauts de joie. « Nous avons tous sauté de joie à tel point que l'hélicoptère a failli tomber », a expliqué l'ex-otage, lors de sa conférence de presse. « L'opération a été parfaite », a déclaré à plusieurs reprises Ingrid Betancourt. Cette dernière a vivement remercié l'action du président colombien, Alvaro Uribe, et l'armée colombienne. « Aujourd'hui, c'est une grande victoire pour notre armée et pour notre pays. C'est une fierté pour nous, Colombiens. Il n'y a pas d'antécédent historique d'une libération aussi parfaite. C'est en Israël qu'ont lieu des opérations comme celle d'aujourd'hui. » Un hommage discret à l'Etat hébreu, dont deux conseillers ont aidé à cette opération. Un revirement ? Le plus étonnant demeure l'autre hommage, dédié à son armée. Avant ces 2 321 jours de séquestration, la candidate à l'élection présidentielle critiquait vivement cette dernière, qu'elle jugeait inapte à régler cette guerre civile. Aujourd'hui, c'est le contraire. Egalement les proches d'Ingrid – sa mère, son ex-mari et ses enfants – étaient totalement opposés à l'action de l'armée pour sa libération. L'autre changement radical de l'ancienne otage est sa spiritualité. « Accompagnez-moi d'abord pour remercier Dieu et la Vierge », ont été ses premiers mots à sa descente d'avion. Dans tous ses discours, Dieu est omniprésent. Sans oublier la prière avec un prêtre devant les caméras du monde entier après la conférence de presse. En revanche, lutter contre les Farc et l'arrêt de cette guérilla demeurent toujours l'objectif de son combat. Ingrid Betancourt a demandé aux Farc de libérer tous les autres otages. Elle compte poursuivre sa carrière politique en Colombie, a-t-elle expliqué à la presse. Mais auparavant, elle profite de ses trois enfants qu'elle n'a pas vus pendant six ans. Hier, elle est arrivée dans sa « douce France », sa deuxième nation, avec tous ses proches.