Ces cinq dernières années ont été pour le secteur de la culture véritablement dramatiques au point où l'on s'était mis à croire que la culture a été éradiquée par des mains expertes en la matière. Tout un chacun s'interrogeait sur la ségrégation appliquée par l'ancien wali qui boudait les événements culturels locaux et nationaux mais n'en ratait pas un seul, même d'une médiocrité affligeante, organisé par le Centre culturel français. C'est pourquoi, avec les travaux de réfection du palais de la culture Mohamed Boudiaf, une question taraude l'esprit de ces hommes et femmes de culture : l'année 2005 sera-t-elle celle de la relance des activités culturelles à Annaba qui, ces dernières années, ont connu bien des avatars ? Tout en exprimant un démenti formel quant à l'existence de pareille situation, affirmant même que la culture à Annaba ne s'est jamais mieux portée que ces deux dernières années, Driss Boudiba, directeur de la culture de la wilaya a précisé : « Pour la première fois, il est créé par une direction de la culture une école de musique et un institut des beaux-arts. Nous avons également lancé une multitude de travaux pour la réfection de différentes structures, des actions d'animation culturelles. Avec la réception prochaine des travaux de réfection du palais de la culture Mohamed Boudiaf, cette animation est appelée à s'amplifier. » Cet optimiste est quelque peu atténué par des informations portant sur des pratiques condamnables qui auraient résulté de cette opération de réfection dont le coût, selon M. Boudiba, est évalué à cinquante millions de dinars. Informations aussitôt démenties par M. Boudiba. Il a précisé : « Il s'agit de pures affabulations de certains habitués à la magouille pour obtenir des marchés. C'est ce qu'ils avaient tenté de faire au lendemain de la parution de notre appel d'offres pour la réfection. La transparence appliquée dans notre démarche dans le choix de l'entreprise leur a déplu. » Ces informations ou désinformations, c'est selon, n'ont pas empêché la direction de la culture d'étudier, de planifier, d'inscrire au programme de son ministère et de lancer les appels d'offres pour la réalisation de la bibliothèque régionale. D'une capacité d'accueil de 1000 places, cette bibliothèque sera réalisée en RDC + 2 et fera fonction de salle de lecture pour enfants, alors que le 2e sera destiné à la recherche. Même si les travaux n'ont toujours pas été entamés, la direction a déjà lancé des appels pour l'acquisition d'ouvrages. C'est dans ce cadre qu'elle a réussi à sensibiliser la Bibliothèque nationale. Cette dernière lui a fait don de 35 000 ouvrages pour adultes et 5000 autres destinés aux enfants. La récente création d'une école de musique et d'un institut des beaux-arts sont d'autres atouts qui apportent un plus à l'optimisme de M. Boudiba. Ils renforcent les quelques 1500 m2 de la grande salle du palais de la culture Mohamed Boudiaf, son hall immense, ses 100 m de façade en vitre bleue, la colonnade longeant la place Stambouli et son esplanade qui permet à tout visiteur de baguenauder comme sur un grand boulevard. C'est dire qu'avec une gestion plus rationnelle et une plus grande ouverture sur l'extérieur, ce lieu devrait être transformé en un palais des hommes de lettres, de savoir et de culture, un symbole en quelque sorte. Devant être réceptionné courant janvier 2005, le palais de la culture est appelé à bousculer les habitudes des princes de la médiocrité. Ainsi, les férus de littérature dans la majorité des langues gagneront un espace temps des plus fonctionnels. Cet établissement public de la Seybouse jouera certainement une mission de nouvel empire culturel et de premier musée de l'art dans la région. Dans quelques jours, cette bâtisse d'une étonnante architecture resurgira avec un volume immense dans lequel s'entrechoqueront livres, antiquités, notes de musique et arts plastiques, cinéma et vidéo, sculpture, verre ciselé, orfèvrerie, poterie. Toute une galerie faite de lumière avec un habillage de couleur pourpre convenant au temps.