Six familles résidant dans le périmètre (controversé) de la maison de la culture Mouloud Mammeri risquent de se retrouver dans la rue. Les raisons sont multiples, mais l'origine est la même : un arrêté du wali qui délimite le périmètre de la maison de la culture et qui date de 2005. Le plan établi par un expert foncier élimine étrangement du patrimoine immobilier de la maison de la culture deux logements réalisés en même temps que l'établissement, mais en intègre une parcelle de terrain. Cette affaire mobilise l'ancien directeur de la même institution, Abderahmane Hassan L'Hadj, qui réside dans un logement de fonction, la famille Si Lakhal qui est sur les lieux dans des baraquements depuis les années 1970 et la famille Zoubir qui s'est établie dans le même endroit depuis le début du siècle dernier. Après des années, ces familles sont menacées d'expulsion suite à une plainte de la direction de maison de la culture. Abderahmane Hassan L'Hadj, en plus de ses fonctions de haut cadre dans le secteur de la culture est également ancien moudjahid. Son drame a pris d'autres proportions après que la ministre de la Culture, Khalida Toumi, eut décidé le 8 février dernier de le suspendre de ses fonctions de directeur de la Cinémathèque d'Alger « pour manquement à l'obligation de réserve en qualité de responsable d'institution publique ». Son tort est d'avoir exposé dans la presse son cas. Aujourd'hui, il est dans le désarroi. « J'estime qu'un arrêté fait force de loi. Le rapport d'évaluation de la direction des Domaines énumère les constructions appartenant à la maison de la culture, et point de référence au logement que j'occupe. Mais, je risque de me retrouver dans la rue et je suis franchement angoissé. Après avoir servi loyalement mon pays sans jamais rien demander, même pas un toit, je me retrouve à l'âge de 66 ans, dans l'angoisse de me retrouver avec ma famille dans la rue ». Détenteur d'un doctorat d'Etat en arts dramatiques, il a avoué avoir frappé à toutes les portes, « surtout celles du ministère de la Culture », précise-t-il. Mais, sans suite. En contrebas de son modeste logement, la famille Si Lakhal, espère une hypothétique régularisation de sa situation. Quatre familles vivotent dans des conditions lamentables. Farid exhibe une liasse de papiers. « On était ici bien avant la construction de la maison de la culture. On avait fait des requêtes afin de régulariser notre situation depuis les années 1970, mais personne ne nous a répondu. Aujourd'hui, le directeur de la maison de la culture veut nous expulser. Nous disposons d'un certificat de possession en bonne et due forme. Ma famille a décidé de ne pas sortir d'ici et notre souhait est que nous soyons régularisés pour pouvoir construire une véritable habitation ». A proximité des Si Lakhal, la famille Zoubir attend, elle aussi, une régularisation de sa situation. Dans une correspondance adressée le 10 septembre 2005 au ministre de l'Intérieur, la veuve dénonce : « un amalgame est entretenu avec la complicité du Cadastre, l'inspection des Domaines, la direction de la culture et un expert foncier dans le seul but de m'évincer de ma propriété et de s'accaparer d'un bien voulant faire croire qu'il appartient à l'Urbab (agence foncière basée à Blida, Ndlr). » Dans l'entourage de la maison de la culture, la tension est vive. Le directeur, M. Ould Ali L'Hadi déclare à ce sujet : « La délimitation faite par la direction des Domaines est claire. Le tracé a formellement délimité une partie appartenant aux Domaines où résident ces familles justement. L'assiette où se trouvent les deux logements appartient effectivement à l'Urbab de Blida et nous sommes en négociation avec cette agence foncière pour l'achat ou la donation de ces terrains. Je m'engage à récupérer toutes ces parcelles au seul profit de la maison de la culture. Des procédures sont engagées contre ceux qui ont dépossédé l'établissement de ses espaces naturels. » L'affaire devra connaître d'autres développements.