Les habitants d'Iboudraren (daira de Béni Yenni) vivent depuis longtemps avec des préoccupations causées par la prolifération des singes magots. Cette prolifération est si effrénée et incontrôlée que les arboriculteurs sont inquiets. Des dizaines de paysans subissent l'invasion de ces primates qui descendent chaque jour un peu plus bas et occupent les vergers et les jardins potagers. Les propriétaires de vergers ne savent plus à quel saint se vouer. Ils voient leur patrimoine arboricole se clairsemer à vue d'oeil. Chez les villageois, c'est la désolation alors que la plupart vivent de leur rente arboricole. Dénonçant la situation de plus en plus contraignante depuis plus de 4 ans, les villageois ont fini par créer une association écologique, mais sans efficacité. Les responsables du Parc National du Djurdjura n'ont pas assisté ces victimes. « Le singe magot est une espèce protégée et dont l'abattage est strictement interdite », leur répond-on. Malgré leur conviction à vouloir défendre les espèces protégées, les arboriculteurs des villages avoisinant le massif montagneux ont fini par considérer le Parc National du Djurdjura comme une adminstration brandissant une panoplie d'interdits. « Il nous est interdit d'abattre une espèce qui a détruit nos cerisiers, interdit de casser la pierre dans notre montagne, interdit de couper du bois pour nous chauffer, etc. De quoi allons-nous vivre ? », tempête M. Belahcene, un arboriculteur du village de Tala N'Tazart. Pour rappel, il y a quelques années, l'Etat a dégagé une enveloppe dépassant 4 milliards de centimes pour des opérations visant à améliorer la situation socioéconomique de 17 villages, avec un débroussaillement de plus de 290 ha et la dotation de 12200 plants fruitiers. « C'est peine perdue, puisqu'il ne sert à rien de replanter dès lors que les hordes de magots font irruption dans nos champs en toute quiétude », ajoutera un autre agriculteur qui avouera : « Même l'indemnisation pour tous les dégâts causés par les singes ne servira pas à grand-chose. Nous n'avons pas besoin d'argent, mais nous voulons préserver notre patrimoine arboricole, car désormais des dizaines de jeunes auront délaissé ce créneau, jadis porteur, pour fuir le village ». Pour dénoncer cette situation alarmante, M Belahcene a filmé des colonies de singes saccageant les arbres fruitiers : des dizaines de figuiers, plus d'une centaine de cerisiers et une centaine d'oliviers quasi -détruits. « Les cinquante oliviers plantés dans le cadre du plan du PNDA n'auront pas eu la chance de pousser plus haut que la taille d'un primate. J'ai cessé de greffer depuis plus de cinq ans vu que toute tentative est disqualifiée par la main du singe magot », avoue le trésorier de l'association écologique d'Iboudraren.