B. Ali est un agriculteur au village de Tala n'Tazart, dans la commune d'Iboudrarène, région d'Ath Yenni, qui se plaint des groupes de singes magots qui dévastent régulièrement ses vergers. Selon ce fellah, « sept villages ont fait les frais des descentes récurrentes de centaines de ces primates qui se goinfrent de toutes sortes de légumes et fruits que nous cultivons nous autres les villageois ». Notre interlocuteur, arboriculteur depuis des dizaines d'années, estime les pertes occasionnées à ses plantations, des oliviers, des pêchers et des cerisiers notamment, à 15 millions de centimes pour cette année. « Lors de la dernière cueillette des olives, se rappelle-t-il, nous constations chaque jour les ravages causés par ces singes sur les récoltes. Ils éventrent les sacs entreposés en attendant la trituration et avalent des kilos d'olives sur place. C'est affligeant. » Les populations de magots, une espèce de singe protégée, sont estimées à plusieurs centaines d'individus. « Elles se sont établies dans la région depuis les années 1960, nous indique notre vis-à-vis, et ont proliféré depuis ces trois dernières années. » Mues par la faim, les cohortes de macaques se hasardent même dans les potagers tout près des maisons, révèle B. Ali. Et d'ajouter : « En ce sens, j'ai entrepris des démarches pour la création d'une association, afin de préserver, en toute légalité, les espaces ruraux et les montagnes des ravages causés. » Ce projet fait suite, précise-t-il, « au silence des autorités que j'ai essayé de sensibiliser par écrit concernant ce désastre, notamment le wali, la direction des services agricoles, la conservation des forêts et l'assemblée de wilaya ». « Si les pouvoirs publics ne daignent pas réagir à nos sollicitations, le risque est grand de voir les villageois prendre les choses en main et organiser des battues pour en finir avec ces bêtes nuisibles », avertit cet agriculteur. Le même phénomène des ravages des plantations par le magot est à signaler dans la région de Yakourène où cette espèce continue à sévir au grand dam des populations locales. En ce sens, une association écologique locale, Afarez, a multiplié les campagnes d'alerte et de sensibilisation en ciblant les visiteurs du massif de Yakourène. « Les automobilistes, qui sont de passage, éprouvent souvent le désir de nourrir ce primate et l'initient à des aliments qui n'existaient pas auparavant dans son habitat originel, des fruits et légumes, du pain et autres biscuits. Ainsi acclimaté, le magot descend dans les villages ou se rabat sur les décharges sauvages à la recherche de cette même nourriture », nous ont confié, il y a quelque temps, les animateurs du collectif vert Afarez.