Liberté est le premier quotidien francophone en termes d'audience à l'échelle nationale. Un sondage d'opinion réalisé pendant une année (2004-2005) sur un échantillon de 2 505 personnes âgées de 15 ans et plus et réparties à travers 11 points d'enquête (Ouargla, Tiaret, Tlemcen, Oran, Médéa, Alger, Tizi Ouzou, Sétif, Annaba, Constantine et Batna), place le journal en première position (avec 17,8% de taux de pénétration sur le marché) devant El Watan (13,4%), Le Soir d'Algérie (13,2%), le Quotidien d'Oran (11,9%), l'Expression (5,2%), Horizons (5,2%), El Moudjahid (4,8%), La Dépêche de Kabylie (3,4%) et la Tribune (3,1%). Les résultats de ce sondage ont été dévoilés hier à l'hôtel Sofitel par son concepteur et réalisateur, la société immar (International Medias Marketing and Research). Ce bureau de recherche et consulting établi à Paris est présent dans 25 pays. En 2001, une antenne avait été créée au Maghreb. Ses investigations ciblent un certain nombre de secteurs comme la grande consommation, les télécommunications, le médicament et les médias. En 2004, Immar Maghreb avait réalisé un sondage d'opinion sur la présidentielle d'avril. Depuis, il se concentre sur le monde de la communication. Selon Brahim Saïl, son directeur général, l'enquête qui vient d'être achevée est illustrative des choix des Algériens en matière de consultation médiatique. Outre la presse écrite, les questions ont été élargies au domaine de la télévision et de la radio. Première conclusion de Immar : “L'algérien est surinformé.” Sa claustration pendant les longues années de terrorisme et l'indigence culturelle ont aiguisé sa boulimie médiatique. Chez les lettrés, la préférence va aux journaux. Sacré premier titre national, toutes catégories confondues (quotidiens et périodiques en langues arabe et française), El Khabar accapare 38,9% du lectorat. À l'est, il est talonné par Enasr (en 2e place parmi les quotidiens arabophones, devancé par Echourouk El Youmi), à l'ouest par le Quotidien d'Oran et au sud par Liberté qui lui ravit la vedette au centre du pays avec 32,9% de taux de pénétration. À l'est comme à l'ouest, Liberté figure à la 5e place. Le profil des lecteurs fait ressortir quelques similitudes. Hormis Le Quotidien d'Oran se caractérisant par un lectorat élitiste (24,6% de cadres universitaires), les lecteurs d'El Khabar, Liberté, El Watan et Le Soir d'Algérie, dans leur majorité, ont un niveau d'enseignement secondaire (34%) et sont relativement jeunes (entre 20 et 29 ans). À quelques exceptions près, ils sont constitués à parts presque égales d'hommes et de femmes. Cette proportion bascule d'un côté ou de l'autre quand il s'agit de parutions spécialisées. Si en règle générale, ce créneau demeure encore inexploré, des titres existant ont réussi à s'imposer. C'est le cas des journaux sportifs qui, comme El Hadaf (bihebdomadaire), occupent une place prépondérante sur le marché et des magazines people qui sont également en plein essor. Avec 2 millions d'exemplaires vendus par jour, contre 400 000 au Maroc, les journaux algériens font le bonheur des annonceurs. Leur part dans le marché publicitaire oscille entre 40% et 55%. En France, elle est de 12% à peine. Toutefois, en dépit de son impact, la presse écrite a du mal à détrôner les médias audiovisuels. D'emblée, le sondage montre que 95% des ménages algériens sont dotés d'un poste de télévision ou plus. 72,6% des foyers ont la parabole. L'avalanche des chaînes étrangères a ébranlé le monopole de l'ENTV qui est passée de 87,9% de parts de marché en 2004 à 80,2% en 2005. L'enquête d'Immar fait ressortir que l'Unique est surtout regardée pendant le mois de Ramadhan et plus par les femmes férues de mousselsalate et de telenovelas sud-américaines que par les hommes. Ce que l'ENTV a perdu, les chaînes satellitaires étrangères l'ont gagné dans la fidélisation d'un plus grand nombre de téléspectateurs. Berbère TV (de droit français) est passée du simple au double en matière d'audimat (8,1% en 2004 contre 13,6% en 2005). Du côté de l'Orient, Iqra' connaît le même engouement. En une année, elle a quadruplé son audience en Algérie, notamment à l'est où 65,3% des sondés affirment la regarder. Outre-Méditerranée, TF1 est aussi prisée ici qu'en Hexagone. Elle est suivie dans l'ordre par M6, France 2 et France 3. Si les télés françaises ont fait une incursion réussie dans le champ audiovisuel algérien, des radios comme RTL, RMC, etc. ont disparu des ondes. Leur place ayant été occupée par des chaînes exclusivement algériennes, dont une flambée de radios locales. 78,3% des questionnés disent les écouter. SAMIA LOKMANE