C'était également l'angle des remparts de la ville qui défendaient, avec les portes, Blida, des incursions et des razzias mais qui seront démolis et rasés par l'occupant français en 1924. On parle toujours de bab khouikha, bab sebt, bab dzaïer, bab rahba mais les générations actuelles n'en connaissent parfois même pas l'emplacement. Bab Zaouïa commence par le bazar Tchambaz, architecture osée pour l'époque et qui marquera la tentative d'invasion du colon français ; il sera le seul immeuble bravant l'architecture du quartier. Zenqet sfendji, zenqet Mouzaïa et zenqet Boukrid à l'étroitesse connue des rues de la Casbah et des douirette à Blida, rappellent les ruelles de Fès et Meknès. Les familles Benarbia, dar Sidi Ben Ali, dar Bouali, Moro-Kritli et les Meziane, Lecheheb, Laouedj, Benkaddour, Dechicha, Mazari, Boudjakdji sont quelques-unes parmi celles qui auront de longues tentacules perpétuant les us et coutumes présentes jusqu'à ce jour. Le nord de la longue rue, 2 km, n'était que jardins avec orangers, mandariniers, néfliers, citronniers et la famille Boufridi tente encore de maintenir en vie quelques arbres face à l'invasion du béton et l'appât du profit immobilier. un des longs murs de l'époque on y trouvait les ateliers du collège technique, l'ex-Cnet, où nombre d'artisans blidéens avaient fait leur apprentissage. Etablissement rattaché à l'éducation nationale, le collège portera le nom de Mah qui deviendra par la suite un lycée avec une porte donnant sur cette rue, réservée au personnel pédagogique et administratif. Khalti Hania, une grand-mère native du quartier Bab Zaouïa et mariée dans le même quartier à quelques mètres de la maison familiale, garde toujours à l'esprit certaines traditions de l'époque, d'avant la guerre de libération. « Nous ne pouvions pas aller au hammam sans être accompagnées par la belle-mère ! C'était la décision qui se prenait quelques jours à l'avance et nous devions l'accepter, les filles comme les belles-filles ». Baraka du hammam Nacef Hammam Nacef puis hammam Ourida sont synonymes de bab Zaouïa. « Les tâches ménagères qui s'accomplissaient à tour de rôle, ‘'eddalla‘' étaient truffées d'anecdotes. Même pour l'accouchement, on faisait appel à l'accoucheuse qui passait parfois plusieurs jours à la maison, surtout durant la période de la guerre de libération où même l'invité (e) devait être signalé à la police. La cuisine était le fief de la belle-mère qui régnait sur les provisions et les ustensiles. Certains plats étaient un délice mais qui sont ignorés aujourd'hui par les jeunes générations. Je parle de la « t'beikha » par exemple, un mélange de légumes où le chou, le navet, le topinambour et la graisse régnaient en maître, berkoukess, la hamama — des plats à base de pâtes — ainsi que la pomme de terre au pouliot (f'liou) font partie des spécificités culinaires blidéennes et donc de Bab Zaouïa », raconte Khalti Hania dans un soupir. Pour un étranger, pénétrer dans le quartier par le haut amènerait progressivement une gêne que les résidants « encouragent ». On fait sentir à la personne étrangère au quartier, qu'elle ne doit pas s'éterniser dans les parages mais l'uniformisation des pratiques au quotidien ôte petit à petit le cachet traditionnel d'une rue que même les autorités ont tendance à oublier même pour son entretien.