Avec 1000 spectacles entre les 10 juillet et 2 août, le festival off d'Avignon se présente de plus en plus comme le vrai événement. Désormais, le traditionnel Festival d'Avignon, celui qui possède la marque déposée depuis 1947, fait un peu pâle figure. Avec 25 spectacles, au tarif souvent rédhibitoire pour beaucoup d'amateurs d'art théâtral, il est un peu court et dépassé par la fougue juvénile de ces milliers d'artistes qui arpentent les rues pour appâter le chaland. Distribution de prospectus, improvisation de scènes, affichage toujours recommencé, voilà le lot de ces créateurs pour qui Avignon est une vitrine convoitée. Il y a beaucoup de prétendants, mais pas tous élus au moment des bilans, même si l'édition 2007 a annoncé 85% de remplissage. Qui dit mieux ! Pour André Benedetto, président de l'association Festival & Compagnies, qui chapeaute le off, la manifestation est une « sorte de grande caravane aux mille sons et aux mille couleurs. Plus qu'un banc d'essai et qu'un simple vivier, le off est un grand salon de théâtre, un énorme étalage de la création contemporaine dans tous les aspects du spectacle vivant. » La députée-maire d'Avignon, Marie-Josée Roig, réélue en mars dernier, annonce, quant à elle, que la ville consacre 18% de son budget à la culture, « sans équivalent ailleurs ». Elle s'estime fière d'être à la tête d'une « cité-artiste qui concentre les feux des projecteurs », ce qui apporte une manne financière importante pour l'activité économique de la commune. Mais l'important est, ailleurs, dans cet exceptionnel bain culturel, loin des « petit sous ». Etre vu ici est essentiel. A côté de noms déjà connus, un grand nombre d'artistes en sont toujours à se débattre dans la recherche de cachets pour survivre. On fait des pieds et des mains, on emprunte, s'il le faut, pour être présent dans cette capitale du théâtre qui fait déplacer tout ce que la France compte dans l'univers du théâtre : professionnels et spectateurs potentiels. Tout le challenge est là : plaire au public et, dans le même temps, espérer qu'un programmateur les remarque et leur propose des dates par la suite. C'est l'envers du décor ! Si certains s'installent dans des salles de plus en plus nombreuses aménagées dans les règles les plus professionnelles du septième art, plusieurs occupent les plus improbables des espaces : un garage, un hangar, une cour intérieure de maison ou un jardin. Sans compter ceux qui sont « à la rue », exprimant en plein air leur appétit théâtral et leur hargne de se faire entendre. Tous sont là pour défendre mordicus une création, vaille que vaille, coûte que coûte. C'est d'ailleurs sur ce coût que beaucoup de ces petites compagnies butent. Et lorsque cette année, la météo est maussade, tout est fichu en l'air. Deux nuits d'orage, vendredi et samedi derniers, ont causé beaucoup de dégâts et pas seulement physiques sur les affiches placardées partout dans la ville. Les amateurs occasionnels, ceux qui déambulent, observent mais ne consomment pas de spectacles ou peu, s'en sont allés. Le public, fidèle, n'a pas boudé son plaisir d'être dans ce grand happening théâtral et ce n'est pas quelques coups de tonnerre et un impressionnant déluge d'eau qui vont arrêter une passion en fonction pour laquelle on a fixé les jours de vacances.