La réélection de Abdelaziz Bouteflika pour un second mandat dès le premier tour du scrutin présidentiel du 8 avril dernier avec un score écrasant de 85% a été, sans nul doute, l'événement majeur qui a marqué l'année 2004. Pour les observateurs de la scène politique nationale, la victoire du président-candidat était somme toute prévisible. Néanmoins, personne n'aurait parié sur un « score à la soviétique ». En effet, à l'issue d'une campagne électorale à la fois serrée et agitée, le candidat à sa propre succession a réussi à battre haut la main les cinq autres prétendants à la magistrature suprême, en l'occurrence Ali Benflis, Saïd Sadi, Abdellah Djabellah, Rebaïne Ali Fawzi et Louiza Hanoune. Au lendemain de l'annonce des résultats, certains candidats malheureux ont crié à la « fraude massive ». D'autres se sont contentés de qualifier d'« excessif le taux obtenu par Bouteflika ». Tandis que les partisans de l'heureux vainqueur fêtaient cette victoire dans le vacarme, une manifestation conduite par les partisans de Saïd Sadi et de Benflis a été violemment réprimée à la place du 1er Mai, complètement quadrillée par les forces antiémeutes. D'aucuns ont estimé que les Algériens ont voté pour la stabilité, la paix et la continuité. D'ailleurs, le candidat Bouteflika avait axé sa campagne électorale sur le thème qui lui tient à cœur, à savoir la réconciliation nationale. Cette dernière est, à ses yeux, la seule condition à même de consacrer la paix en Algérie. L'élection du 8 avril a été, par ailleurs, marquée par un fait sans précédent. Il s'agit de l'engagement pris par l'armée de ne plus interférer dans le processus électoral.