Le gouvernement va-t-il éponger ou non les dettes de « certains » journaux privés ? Annoncée mercredi dernier par l'APS qui a repris des déclarations du ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, l'information portant sur l'assainissement des dettes des éditeurs privés (2,5 milliards de dinars) et des imprimeries (1,5 milliard de dinars) n'est toujours pas confirmée. Au ministère de la Communication, personne n'est au courant de la décision. « Le ministre n'a pas parlé de l'effacement de la dette des journaux privés. A ma connaissance, il n'a jamais été question de l'effacement de ces dettes », déclare un responsable de la direction de la communication et presse écrite. Selon lui, les déclarations du ministre « ont été mal interprétées ». Mais selon une source, présente lors de la dernière rencontre d'étude sur le redressement des entreprises de communication, l'effacement de la dette en question concernera les titres de la presse ayant cessé de paraître. « Le ministre de la Communication avait demandé aux DG des différentes imprimeries publiques de récupérer toutes leurs créances et d'assainir leurs comptabilités. C'est à ce moment-là que les concernés ont informé le ministre de l'impossibilité de recouvrer leurs créances, car beaucoup de journaux ont fermé boutique et ne sont plus sur les étals. De plus, ces journaux qui ont disparu sont des Sarl qui n'ont aucun bien à saisir », explique notre source. La décision a été prise, selon notre source, suite aux éclaircissements donnés par les imprimeurs. Ainsi, ajoute notre source, l'effacement des dettes concernera probablement des éditeurs privés dont les journaux n'existent plus sur la scène médiatique nationale. Des titres dont le nombre, selon un document publié sur le site internet du ministère, dépasse les 200 (entre quotidiens, hebdomadaires, revues et magazines spécialisés). La décision ne concernera donc pas d'autres journaux ? Aucune précision n'a été donnée ni par le ministre (dans son allocution) ni par les responsables de son département. Une véritable cacophonie ! Ce qui est très grave pour un ministère chargé de la communication. Il s'agit là d'une preuve de gestion hasardeuse des affaires d'un secteur aussi stratégique que celui de la communication. Pour rappel, la décision de réorganiser les entreprises publiques relevant du secteur de la communication a été prise, le 15 janvier dernier, par le conseil des participations de l'Etat (CPE). Ce dernier a, suite à la décision de transférer les entreprises publiques de presse et communication sous la tutelle du ministère du secteur, engagé une étude d'évaluation et de mise à niveau des entreprises publiques relevant du secteur de la communication. L'étude avait pour finalité de faire un diagnostic des entreprises publiques (presse écrite, imprimeries, ANEP…). Lors de la dernière rencontre d'évaluation, des instructions ont été données aux imprimeries « pour faire valoir désormais la règle commerciale dans leurs rapports avec les clients ».