Le ministre de la Communication s'emmêle les pinceaux. Ayant tenu, mercredi dernier, une rencontre à huis clos avec les responsables des différentes entreprises publiques de presse, le ministre a bien annoncé une mesure d'assainissement des dettes de certains éditeurs privés (2,5 milliards de dinars) et celles des entreprises d'impression (1,5 milliard de dinars). L'information a été donnée en premier lieu par l'Agence officielle de presse (APS) avant que des titres de presse publique (El Moudjahid et El Massa) ne diffusent, eux aussi, l'information dans leurs éditions de samedi dernier. Si l'APS et El Moudjahid ont utilisé le terme « assainissement », qui n'est toujours pas explicité, El Massa, quant à lui, a bien parlé d'« effacement des dettes de certains éditeurs privés ». L'information n'a pas « été donnée uniquement dans les colonnes des journaux privés », comme l'a affirmé hier M. Boukerzaza à un confrère, mais aussi dans les colonnes des journaux publics. Où sont donc « l'intox et la désinformation » dont parle le ministre ? Que s'est-il passé ? Le ministre de la Communication n'a-t-il pas mesuré à temps les conséquences de la décision annoncée ? Croyait-il que l'information passerait inaperçue ? A-t-il été rappelé à l'ordre ? Madjid Makedhi Rien n'est moins sûr, d'autant que les responsables du ministère ne se sont pas donné la peine d'apporter, via un communiqué officiel, des précisions à une information donnée quatre jours auparavant. Ce n'est qu'hier que l'APS a pondu une dépêche apportant des précisions qui n'ont pas été données dans la première dépêche diffusée le 16 juillet 2008. Une dépêche commandée certainement par les services du ministère. Par l'utilisation du terme « assainissement », l'agence explique qu'elle n'a jamais usité dans sa dépêche le terme « effacement de dettes ». « Pas de suppression des dettes » « En fait, il était juste question d'assainissement du passif financier interentreprises étant connu qu'il existe depuis de longues années un dossier en ce sens et que le ministère, en charge à présent des entreprises de presse qui dépendaient auparavant de l'ex- SGP/Communication, s'attache à lui trouver une solution économique dans le cadre d'un programme plus global qui vise au redressement de toutes les entreprises sous tutelle », explique l'APS. Alors que le ministre affirme, dans des déclarations à un confrère, qu'« il n'a jamais été question de supprimer les dettes auprès des éditeurs et que ce sujet n'a jamais fait l'objet de débat, ni d'orientation, ni d'instruction, ni d'une volonté d'aller vers cela », d'autres responsables de son ministère donnent une explication tout à fait contraire à cette « confusion ». « Ce sont les imprimeurs qui ont émis le souhait, dans l'une de leurs résolutions, d'effacer les dettes accumulées. Les journalistes ont dû confondre », déclarent nos interlocuteurs. Une explication qui confirme que le sujet de « l'effacement des dettes » a été évoqué. « La transparence dans la gestion est exigée » Poursuivant ses précisions, M. Boukerzaza a affirmé que « le meilleur moyen d'assainir le secteur est que chaque entreprise paye ses dettes ». « J'ai bien dit qu'il faut appliquer les règles commerciales dans les transactions. Cela m'amène à réaffirmer que toute entreprise est obligée d'accepter les règles commerciales. Nous exigeons la transparence dans la gestion de ces entreprises », déclare-t-il. Encore une fois, le ministre n'a ni expliqué ce qu'il entend par « assainissement des dettes » ni comment « certains éditeurs ont accumulé 2,5 milliards de dinars de dettes ». Et comme il exige « la transparence » dans la gestion de ces entreprises, M. Boukerzaza ne cite pas les titres de presse « surendettés » qui, sans nul doute, ont bénéficié de complaisance dans l'application de « ces règles commerciales ».