Pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, un individu va a être jugé devant un militaire d'exception. L'ancien chauffeur et garde du corps d'Oussama Ben Laden. Salim Hamdan est le premier accusé à comparaître devant le tribunal à Guantanamo. Après des années de bataille juridique, son procès s'ouvre enfin. Inculpé en 2003 pour complot, il avait contesté le tribunal militaire. Sa dernière chance de l'éviter a été réduite à néant jeudi 17 juillet par le juge fédéral, James Robertson. Ce dernier a rejeté la demande de report de la défense pour le motif que la commission militaire d'exception constituée de militaires, était injuste. Neal Katyal, un des deux avocats de Salim Hamdan, tire cet argument de la décision du la cour suprême du 12 juin. Cette dernière affirme que les détenus de Guantanamo bénéficieraient de droits constitutionnels et qu'ils auraient le droit de saisir la justice civile. L'autre argument, celui des preuves à charge obtenues dans la souffrance, n'a pas non plus énormément pesé dans la balance. Il faut également rappeler les violences habituelles subies par les détenus : pendant plus de cinquante jours, Salim Hamdan a été privé de sommeil. « Il y a quatre jours, le gouvernement avait révélé des documents qui prouvent que M. Hamdan a été soumis à des privations de sommeil du 11 juin 2003 au 30 juillet 2003, soit 50 jours où son sommeil a été interrompu toutes les heures », explique Mac Millan, son deuxième avocat. « Cette cour doit examiner la légalité pure » de ces preuves, a-t-il ajouté. Le juge fédéral en a décidé autrement, en rappelant que le texte du Congrès américain créant ces commissions mixtes militaires donnait la possibilité aux deux parties de faire appel du jugement devant une cour fédérale à Washington. Avec cette décision, le juge James Robertson a donné son accord pour ce premier procès tant attendu par l'administration Bush, depuis la base de Guantanamo. Quant à Salim Hamdan, il entrera dans l'histoire pour avoir été le premier à être jugé. Pendant 15 jours, les débats se dérouleront pour statuer sur son sort. Ce yéménite, d'une quarantaine d'année, comparaîtra pour complot et soutien matériel au terrorisme. D'après l'acte d'accusation, qui va être lu aujourd'hui devant le tribunal, il aurait, entre 1996 et 2001, conduit plusieurs fois le chef d'Al Qaïda pour se rendre dans divers camps d'entraînement, à des conférences de presse ou à des rencontres. Il aurait été formé à l'utilisation des fusils et armes à poing et mitraillettes.Enfin, il aurait « acheminé des armes et des munitions ou d'autres fournitures à des membres d'Al Qaïda ». Pour ces chefs d'accusation, l'ancien chauffeur d'Oussama Ben Laden risque la prison à vie. Arrivé en mai 2002 sur la base de Guantanamo, Salim Hamdan fait partie des prisonniers les plus anciens. De ces six ans de détention, Salim Hamdan les a passés dans l'isolement total, la plupart du temps. Un isolement qui ne le sera plus aujourd'hui, car les caméras du monde entier auront leurs objectifs braqués sur lui et sur ce procès.