Le procès de Salim Hamdan, ancien chauffeur et garde du corps d'Oussama ben Laden, va finalement s'ouvrir demain, après des années de bataille juridique, devant un tribunal militaire d'exception. C'est le premier procès d'un détenu de Guantanamo. Salim Hamdan, un Yéménite âgé d'une quarantaine d'années, comparaîtra pour “complot” et “soutien matériel au terrorisme”. Il encourt la prison à vie à l'issue d'un procès qui devrait durer deux semaines. Il est accusé d'être l'ancien chauffeur et garde du corps d'Oussama ben Laden, d'avoir suivi des entraînements dans des camps d'El-Qaïda en Afghanistan et livré des armes et des munitions à travers le pays. Arrêté par l'armée afghane en novembre 2001 avant d'être livré aux forces américaines, il transportait, selon l'accusation, deux missiles sol-air dans son coffre. Il est enfermé depuis plus de six ans à Guantanamo, le plus souvent à l'isolement total. Les avocats de la défense, qui dénoncent un procès “injuste” et “malhonnête”, ont déjà annoncé qu'ils feraient appel. Pour eux, Salim Hamdan a certes été le chauffeur de ben Laden mais sans être impliqué dans aucun projet terroriste. Lors d'une série d'audiences préliminaires cette semaine, ils n'ont eu de cesse de rappeler que leur client avait été soumis à des violences pendant sa détention et que les charges retenues contre lui provenaient de déclarations obtenues sous la contrainte. Il est apparu cette semaine aux journalistes américains présents sur place affaibli par de fortes douleurs dans le dos et hagard. Il s'est plaint de mauvais traitements, notamment d'avoir été humilié par une femme lors d'un interrogatoire. Une des questions principales de ce procès sera de savoir si, dans ces conditions, la plupart des “preuves” fournies par l'accusation sont recevables. Par ailleurs, selon le témoignage entendu mercredi d'un ancien agent du FBI, l'accusé a fourni en Afghanistan de nombreux renseignements aux militaires dans leur recherche de ben Laden, fin 2001. DJAZIA SAFTA/AGENCES