Procès Un ancien chauffeur de Ben Laden est devenu mardi le premier détenu de Guantanamo à comparaître devant les tribunaux militaires controversés créés par les Etats-Unis. Le Yéménite Salim Hamdan, 34 ans, ancien chauffeur du chef d'Al-Qaîda, a été le premier des quatre détenus appelés à comparaître d'ici à vendredi en audience préliminaire devant ce tribunal mis en place par les autorités américaines sur la base américaine à Cuba. Moustachu et cheveux courts, Hamdan portait un costume traditionnel arabe avec une veste occidentale. Escorté par deux officiers de la police militaire, il a plaisanté avec son avocat avant l'ouverture de l'audience. Il ne portait pas de chaînes aux pieds comme y sont contraints les autres prisonniers de Guantanamo, mais deux gardes étaient assis en permanence derrière lui. L'acte d'accusation reproche à Hamdan d'avoir comploté avec Ben Laden et d'autres responsables d'Al-Qaîda pour attaquer des civils, commettre des assassinats, des actes terroristes et détruire des propriétés. Le colonel Peter Brownback, qui préside le tribunal, ne lui a pas demandé de plaider. L'avocat commis d'office de Hamdan, le capitaine de corvette Charles Swift, a lancé une procédure devant un tribunal civil américain, demandant que «l'illégalité» du traitement des prisonniers sur la base soit reconnue. Dès l'ouverture de l'audience, il a posé une série de questions sur les capacités des six juges et notamment du président du tribunal le colonel Peter Brownback. Certaines des questions posées, considérées comme «sensibles», ont entraîné le huis clos et Hamdan n'a même pas été autorisé à rester dans la salle d'audience Selon l'acte d'inculpation, M. Hamdan a rencontré Oussama Ben Laden à Kandahar (Afghanistan) en 1996. Il reconnaît lui avoir ensuite servi de chauffeur et de garde du corps, mais dément avoir été un membre d'Al-Qaîda ou avoir participé à des actions terroristes. Selon son avocat, le Yéménite reconnaît avoir travaillé pour Ben Laden «pour faire vivre sa famille». Les avocats militaires, commis d'office pour représenter les quatre premiers détenus jugés à Guantanamo, mettent en cause les tribunaux militaires d'exception, à l'instar de nombreux juristes et organisations de défense des droits de l'HommeAutorisée par une ordonnance du président George W. Bush du 13 novembre 2001, la «commission militaire spéciale» est une juridiction spécifiquement conçue pour juger les détenus non américains. Il faut remonter à 1948, après la Seconde Guerre mondiale, pour retrouver trace d'une telle procédure d'exception. A l'époque, les inculpés étaient Allemands et Japonais.