La classe politique largement unie dans un front du refus marche lundi à Bamako pour demander le départ de la junte qui a pris le pouvoir au Mali, sérieusement menacée au nord par l'avancée des rebelles touareg et de groupes islamistes armés. Créé dimanche, le "Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FUDR)" appelle ses militants à manifester dans la matinée dans la capitale contre les militaires qui, emmenés par le capitaine Amadou Sanogo, ont renversé jeudi le président Amadou Toumani Touré, dont on reste sans nouvelles. Les rues de Bamako s'animaient lundi matin, des habitants allaient faire leurs courses, de nombreux commerces ayant rouvert. Le véritable test sera mardi, qui doit marquer selon la junte la reprise du travail dans les administrations et le secteur privé. Le FUDR regroupe 38 partis politiques - dont des formations majeures comme l'Union pour la République et la démocratie (URD) et l'Alliance pour la démocratie au Mali (l'Adéma) - ainsi qu'une vingtaine d'associations déterminées à lutter contre ce putsch "anticonstitutionnel". Mais le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE, junte) a mis en garde, dans un communiqué lu dimanche soir sur la télévision publique ORTM (tenue par les mutins), contre tout débordement à l'occasion de manifestations lundi, férié au Mali pour célébrer le 26 mars 1991. Un coup d'Etat militaire conduit par un certain Amadou Toumani Touré ("ATT") mettait fin ce jour-là à deux décennies de dictature du général Moussa Traoré, après un soulèvement populaire durement réprimé. Le coup d'Etat du 22 mars dernier a suspendu le processus politique dans le pays, à quelques semaines de la présidentielle prévue le 29 avril et qui devait tourner la page "ATT". Toutefois, Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi), seul parti d'opposition à l'Assemblée désormais dissoute (trois des 147 députés), a apporté son soutien aux mutins en créant le "MP22", le Mouvement populaire du 22 mars.