Tension - Un calme précaire règne à Bamako, avec une activité toujours au ralenti, où banques et de nombreuses stations-service restent fermées, posant un problème croissant de manque de liquidités et de carburant. De plus en plus isolés à l'étranger comme au Mali, les auteurs du putsch contre le président Amadou Toumani Touré tentaient hier de mettre fin à la dangereuse incertitude dans le pays et garder le contrôle de la situation face à une possible contre-offensive loyaliste. Des pillages isolés et tirs sporadiques continuaient, cependant d'être signalés dans la ville, alors que les premières heures du putch avaient été marquées par de nombreuses exactions, pour lesquelles le chef de la junte s'est «excusé» et auxquelles il s'est engagé à mettre fin. Dans un nouveau et court message diffusé hier par la télévision publique ORTM qu'ils occupent, les mutins du «Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat» (CNRDRE) ont appelé «les propriétaires des stations essence à ouvrir» leurs établissements. «Des mesures sécuritaires ont été prises depuis 04h 00 du matin» pour prévenir les pillages, a assuré un porte-parole. Des numéros verts ont été mis à la disposition de la population «à toutes fins utiles», a indiqué en fin de journée une bande passante sur l'écran. Dans la matinée, l'ORTM a diffusé une brève intervention du chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, apparemment tournée la veille, pour démentir des rumeurs sur son sort et la situation à Bamako. «Je suis le capitaine Sanogo et je suis en bonne santé, tout va bien», a-t-il simplement déclaré, tandis que l'un des adjoints affirmait que «toute l'armée est avec nous», présentant à la caméra quelques militaires de rang et sous-officiers des différentes armées et unités de police. A l'incertitude sur la situation militaire, s'ajoute l'incertitude politique sur les projets de la junte : à cinq semaines du premier tour de la présidentielle prévu le 29 avril, le coup d'Etat a été condamné par 12 des principaux partis politiques maliens, fragilisant un peu plus la position des putschistes. Plusieurs associations de la société civile ont elles aussi condamné hier le putch, et appelé la junte à quitter le pouvoir, tandis que la Commission nationale des droits de l'Homme a dénoncé «un climat de terreur». Trente-huit partis politiques se sont réunis pour former avec la société civile une plateforme et rencontrer la junte afin de lui demander le retour à l'ordre constitutionnel. Le coup d'Etat a été également unanimement condamné internationalement.