Un Front Uni pour la Sauvegarde de la République et de la Démocratie (FUDR) a été créé dimanche par de nombreux partis politiques, des associations et des syndicats des travailleurs qui ont réclamé le départ des militaires mutins qui ont pris le pouvoir, au Mali, et exigé un retour à l'ordre constitutionnel. Au total, 38 partis politiques et une vingtaine d'associations ont formé ce Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République, lors d'une réunion publique à la bourse du travail de Bamako, à laquelle assistaient plusieurs centaines de personnes, rapportent des agences de presse. "Les objectifs visés sont clairs, à savoir avant toute chose, le retour à une vie constitutionnelle normale, ensuite le rétablissement de la paix et la sécurité dans le nord du Mali et l'organisation dans les meilleurs délais délections libres, démocratiques et transparentes", souligne Me Kassoum Tapo, ancien bâtonnier du barreau malien et ex-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), porte-parole de l'Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA), la formation politique la plus représentative au Mali. Ce Front vise la défense de la Constitution de janvier 1992, la restauration de la légalité constitutionnelle, le retour des mutins dans leurs casernes, et la fixation d'un calendrier électoral consensuel, a indiqué le président du Parti pour la renaissance nationale (ADEMA), Tiébilé Dramé, un des leaders de cette coalition. "Nous avons condamné ce coup d'Etat, et la prise du pouvoir par des militaires. Aujourd'hui, toutes les forces démocratiques doivent pouvoir se réunir pour défendre la démocratie", déplore pour sa part Me Issala Keita, bâtonnier du barreau du Mali. "Si le capitaine Sanogo aime le Mali, nous lui demandons de revoir sa copie, pour l'intérêt de la nation", a dit Cissé Sékou, membre du conseil régional des jeunes de Mopti, fief du président malien Amadou Toumani Touré. "Notre objectif est clair, c'est d'obtenir le départ de la junte. Ce coup d'Etat est anticonstitutionnel et nous n'allons pas l'accepter", a déclaré en outre Soumaïla Cissé, candidat de l'Union pour la République et la démocratie (URD) - l'un des principaux partis politiques maliens - à la présidentielle qui était prévue le 29 avril. Selon les agences, des militants scandaient dimanche à Bamako des slogans réclamant le départ du "Capitaine Sanogo" chef de la junte, ou "Non au coup d'Etat !". Outre l'Alliance pour la démocratie au Mali (l'Adéma), le Rassemblement pour le Mali (RPM), fait également partie du "front". Cette coalition a indiqué qu'elle allait envoyer "rapidement" une délégation pour rencontrer le chef de la junte afin d'organiser les conditions de son départ et proposer un schéma de sortie de crise. Toujours selon les agences, le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (SADI) d'Oumar Mariko et ses alliés, a créé le "Mouvement populaire du 22 mars" (le MP22) favorable aux mutins. "Le mouvement MP22 a été créé pour accompagner politiquement le CNRDRE dans ses efforts de redressement de la démocratie, et l'instauration de l'autorité de l'Etat, mais un Etat démocratique et populaire", a dit Oumar Mariko, président du SADI. Pour l'élite de la classe politique malienne et une grande partie de l'opinion nationale, ce mouvement est un "club d'opportunistes" qui veulent profiter de la faille ouverte par des soldats mutins pour se faire "une place au soleil".