Le ministère russe des Affaires étrangères a estimé lundi que la conférence des "Amis de la Syrie", réunie dimanche à Istanbul, avait été en contradiction avec "les objectifs d'un règlement pacifique du conflit" dans ce pays. "Les intentions et assurances exprimées à Istanbul en faveur d'un soutien direct, y compris militaire et logistique, à l'opposition armée (...) sont incontestablement en contradiction avec les objectifs d'un règlement pacifique du conflit", a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué. Moscou a par ailleurs regretté le caractère "unilatéral" de la réunion à laquelle "le gouvernement de Syrie n'était pas représenté". Le ministère russe n'a pas précisé qui il visait en particulier, alors que les Etats-Unis et la Turquie ont appelé le 25 mars à une aide "non militaire" aux rebelles. Burhan Ghalioun, le président du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a pour sa part annoncé à Istanbul que son mouvement allait verser des salaires aux membres de l'Armée syrienne libre (ASL) en lutte contre Damas et a appelé la conférence des Amis de la Syrie à armer les rebelles. Cette idée, écartée par les Etats-Unis et de nombreux pays arabes et occidentaux, est défendue par le Qatar et l'Arabie saoudite. La Russie a pour sa part souligné lundi que la priorité devait rester l'application du plan de Kofi Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, destiné à mettre fin aux violences. Le plan Annan préconise la cessation de toutes formes de violence par toutes les parties sous supervision de l'ONU, la fourniture d'aide humanitaire et la libération des personnes détenues arbitrairement. "Il est extrêmement important dans l'immédiat de se concentrer sur (...) le soutien à toutes les parties (du conflit) sans exception en vue de la mise en oeuvre de la proposition de K. Annan", relève la diplomatie russe. La Russie et la Chine ont bloqué deux résolutions à l'ONU condamnant la répression d'un mouvement de contestation qui depuis un an a fait quelque 10.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Moscou, allié depuis l'époque soviétique de Damas, un important acheteur d'armements russes, a accusé les Occidentaux de tenir pour seul responsable du conflit le régime de Bachar al-Assad et d'ignorer que les insurgés comptent dans leurs rangs des extrémistes.