Le candidat des Frères musulmans à la présidentielle égyptienne, Khairat al-Chater, s'est engagé à mettre en oeuvre la charia (loi islamique) s'il était élu, lors d'une rencontre avec un groupe de réflexion islamique, a indiqué ce dernier mercredi. M. Chater, dont la candidature a créé une onde de choc à travers le pays, a déclaré que l'application de la charia était "son premier et dernier objectif",a rapporté l'"Autorité légale pour les droits et la réforme" dans un communiqué publié sur son site internet. M. Chater, qui a démissionné de son poste de numéro 2 de la confrérie pour mener sa campagne, a dit "qu'il allait travailler pour former un groupe d'intellectuels qui soutiendrait le Parlement dans la réalisation de cet objectif", a ajouté le groupe, qui l'a rencontré mardi. Un haut responsable de la campagne de M. Chater a précisé --sans nier cette déclaration-- qu'il s'agissait d'un programme commun du candidat et de la branche politique des Frères, le Parti de la justice et de la liberté (PJL). Le PJL appelle à la mise en place d'un Etat "islamique, constitutionnel et démocratique", mais pas une "théocratie". Le responsable, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat, a ajouté que M. Chater "était lié à la Constitution et à son article 2, sur lequel tous les Egyptiens sont d'accord". La Constitution, dont l'article 2 stipule que les principes de la loi islamique constituent la source principale de la législation, a été suspendue par l'armée après le soulèvement ayant conduit à la chute du président Hosni Moubarak en février 2011. Le responsable a précisé que M. Chater, qui a refusé toute demande d'interview, aura pour priorité "le renforcement des institutions démocratiques et la renaissance économique" s'il est élu. La candidature de M. Chater, détenu pendant plusieurs années sous Hosni Moubarak et libéré seulement après sa démission, a créé des divergences publiques rares au sein du mouvement islamiste. La confrérie tente de persuader d'autres candidats islamistes de se désister en faveur de M. Chater. Les partis libéraux accusent de leur côté le PLJ, qui domine le Parlement et qui avait initialement indiqué ne pas vouloir présenter de candidat, de tenter de monopoliser le pouvoir. Les partis laïques ont déjà décidé de boycotter la commission de rédaction de la future Constitution, accusant les Frères de monopoliser cette instance en s'alliant pour la circonstance aux fondamentalistes salafistes. L'église copte orthodoxe et l'institution sunnite d'al-Azhar ont également annoncé leur retrait de cette commission.