Le capitaine malien Amadou Haya Sanogo est sorti de l'ombre à la faveur d'un coup d'Etat le 22 mars ayant renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT) qui lui a permis d'asseoir son influence, au point d'obtenir le statut d'ex-chef d'Etat avec tous les privilèges qui y sont liés. Deux semaines après le putsch, cet homme d'une quarantaine d'années signait un accord avec les médiateurs de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) par lequel il acceptait de rendre le pouvoir aux civils. Un retrait de façade, car il s'est ensuite comporté comme s'il était toujours le véritable maître de Bamako, au détriment du président par intérim Dioncounda Traoré, ses hommes procédant à de nombreuses arrestations dans les milieux politiques, économiques, médiatiques et militaires, proches d'ATT, ou considérés comme tel. Ce n'est qu'à deux jours de l'expiration, mardi, du mandat constitutionnel de 40 jours de Dioncounda Traoré, qu'il ne voulait pas voir prolongé, qu'il a finalement accepté le maintien à son poste pour un an de cet ex-président de l'Assemblée nationale. Au prix d'une amnistie générale pour lui et ses hommes, votée le 18 mai par les députés, et de l'obtention d'un statut d'ancien chef d'Etat disposant d'un revenu, d'une garde rapprochée et d'un logement payés par l'Etat, alors que le putsch a précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes armés, en particulier islamistes. Natif de Ségou (240 km au nord-est de Bamako), le capitaine Sanogo est un produit du Prytanée militaire de Kati, école à une quinzaine de kilomètres de Bamako, dont il a fait de la caserne son quartier général. De taille moyenne, la voix rauque, la silhouette sportive, il a souvent été vu avec un maillot de corps comme en sont vêtus les chasseurs traditionnels "dozos" et censé être doté de pouvoirs magiques qui protègent celui qui le porte. Populaire parmi les hommes de Kati, à qui il dispensait des cours d'anglais, l'homme au béret vert a accroché un badge des Marines américains à son uniforme, rappel de ses séjours aux Etats-Unis où il participé à des programmes de formation, entre autres à la base des Marines de Quantico, en Virginie (est). Selon la presse américaine, qui cite le Département d'Etat, le capitaine Sanogo a effectué des séjours aux Etats-Unis en 2004-2005, 2007-2008 et en 2010, où il a notamment été formé comme professeur d'anglais. Il a également assisté à des réunions militaires internationales, dont l'une au Maroc sur l'antiterrorisme.