Les régions du Sahel et de la Méditerranée connaissent actuellement "un grand basculement géographique et géopolitique" qui menace leur sécurité et leur stabilité, a estimé dimanche à Alger Richard Labevière, consultant en relations internationales. Lors d'une conférence sur le thème "La nouvelle donne au Sahel : situation et perspectives" organisée par l'Institut national des études stratégiques globales (INESG), M. Labevière a expliqué que "la crise libyenne, l'effet destructeur du conflit israélo-palestinien, la question du Sahara occidental, les révolutions arabes ainsi que des fléaux comme le crime organisé et le trafic d'armes constituent autant d'enjeux et de menaces pour la sécurité de la région méditerranéenne ainsi que celle du Sahel". "La coupure libyenne a donné lieu à une montée de la criminalité, du crime organisé, du terrorisme, du salafisme extrémiste armé, du trafic d'armes et de drogue, autant de phénomènes qui menacent la sécurité et la stabilité des pays du Sahel", a-t-il souligné. Il a évoqué dans ce sens la crise au Mali qui, a-t-il dit, "a été aggravée par la rébellion et l'apparition de groupes salafistes armés dans le nord du pays". Il a déploré dans ce contexte, "la non application" des accords de paix signés à Alger en 2006 par le gouvernement malien et la rébellion touarègue. "Il faut qu'on mette en œuvre ces accords par d'autres moyens" pour régler cette situation, a insisté M. Labevière, sans toutefois préciser leur nature. Les groupes islamistes armés, comme au Mali, au Niger, ou en Somalie, "instrumentalisent les populations, et veulent occuper la scène dans les Etats sahéliens", a-t-il ajouté. "Ceci constitue une véritable menace", a-t-il averti. "Dans ces pays, l'Etat doit être présent, et œuvrer plus en faveur d'un développement social et économique de façon à créer un équilibre dans la gestion des affaires du pays", a-t-il expliqué. Evoquant la situation dans le monde arabe, M. Labevière a accusé "les puissances occidentales" d'avoir "planifié" aussi bien le conflit libyen que la crise que traverse actuellement la Syrie. Il a dénoncé dans ce contexte le rôle joué par certaines "monarchies pétrolières arabes" dans ces crises au bénéfice, a-t-il dit, "d'agendas israélo-américains". La division du Soudan en deux Etats et les tensions actuelles entre Khartoum et Juba sur les richesses pétrolières et les frontières, entrent aussi dans le cadre des stratégies et des intérêts occidentaux, a encore ajouté M. Labevière.