Les puissances occidentales ont fini par saluer les prévisions faites par l'Algérie qui a alerté la communauté internationale sur les conséquences de la crise libyenne dans la région du Sahel. De hauts experts politiques et militaires de la France, de la Grande-Bretagne, des Etats Unis, de l'Union européenne et aussi des pays du Sahel ont souligné, hier, à Alger les répercussions négatives de la circulation anarchique et incontrôlée des armes en Libye sur la sécurité de la bande sahélo-saharienne. Les représentants des pays présents à la Conférence internationale sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du champ et les partenaires extrarégionaux, ont estimé que la crise libyenne a fait du Sahel une poudrière avec l'arrivée massive d'armes, le retour de milliers de travailleurs migrants dans une région déjà otage du terrorisme et de la contrebande. Le général Robin Searby, conseiller du Premier ministre britannique pour la lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord et dans le Sahel, a exprimé la reconnaissance de son pays à l'égard de l'Algérie. Dans son intervention, à l'occasion de l'ouverture des travaux de cette conférence, le général Searby a affirmé que la communauté internationale doit reconnaître que l'alerte de l'Algérie était juste. «Nous devons reconnaître aujourd'hui que les «avertissements» d'Alger concernant l'exploitation des armes, en provenance de la Libye, par les groupes armés d'Al-Qaîda dans les pays du Maghreb islamique étaient justes. Ce qui se passe en Libye a favorisé la circulation des armes dans la région. Les menaces et les dangers dont l'Algérie avait parlé existent et sont des faits avérés aujourd'hui», a-t-il dit. Le représentant du Royaume-Uni s'est dit «fier» que son pays ait des relations et une coopération avec l'Algérie dans la lutte antiterroriste. De son côté, André Parent, conseiller diplomatique adjoint du président français, Nicolas Sarkozy, a déclaré à L'Expression que l'Algérie avait vu juste dans cette question. «L'Algérie a raison. Les conséquences néfastes de la crise libyenne sur la sécurité des pays du Sahel est une préoccupation qu'il faut suivre avec beaucoup de prudence. Effectivement, il y a beaucoup d'armes qui circulent d'une façon incontrôlée. Le risque de voir ces armes arriver entre les mains indésirables, c'est effectivement un problème qui mérite d'être suivi de près», a-t-il dit. «Pour la récupération, il n'y a pas de précisions quantitatives sur ces armes. Je ne saurais vous dire quelles sont les quantités qui restent en Libye ni celles qui ont été sorties de ce pays». Même son de cloche chez Manuel Lopez, coordinateur des stratégies de lutte antiterroriste de l'Union européenne dans le Sahel. Dans son intervention, l'orateur a déclaré que la crise libyenne a eu des «conséquences considérables sur la région du Sahel. Elle a favorisé le crime organisé et le terrorisme», a-t-il dit. Le même intervenant a estimé que la situation en Libye n'a fait qu'ajouter de la complexité dans le Sahel avec la circulation des armes de tous calibres. Les pays du champ, Algérie-Mali-Niger-Mauritanie, ont déclaré que cette situation était prévisible au lendemain du déclenchement de la rébellion en Libye. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération de la République du Mali, Soumeylou Boubye Maiga a indiqué pour sa part, que le conflit libyen est venu amplifier les menaces terroristes qui existent déjà. «Tout le monde sait qu'il y a une prolifération anarchique d'armes de toutes catégories qui viennent apporter un soutien potentiel aux membres d'Aqmi. Nous avons observé sur le terrain qu'ils avaient beaucoup d'armes qui circulent d'une manière anarchique», a-t-il affirmé. «Je dirais même que la recrudescence des attaques terroristes est liée et motivée, d'une manière ou d'une autre, par la crise libyenne». Sans aller par trente-six chemins, le ministre des Affaire étrangères, de l'Intégration africaine et des Nigériens à l'extérieur, Mohamed Bazoum, juge que «la région a été transformée en poudrière». M. Bazoum a dévoilé que les services de sécurité de son pays avaient saisi au mois de juin dernier 500 kg de Semtex, un explosif extrêmement puissant utilisé dans la fabrication des bombes. «Les répercussions de la crise libyenne sur la région du Sahel commencent à devenir palpables, notamment à travers l'arrivée des armes en nombre important et surtout de véhicules tout terrain de type 4x4 et du retour, notamment d'individus armés impliqués dans la crise libyenne», a-t-il souligné. Le ministre nigérien a prévenu que la présence de ces personnes au Niger est à même d'engendrer «des problèmes d'ordre sécuritaire d'une grande gravité». Allusion faite aux Toubous qui ont combattu aux côtés du Conseil national de transition ainsi que des Touareg ayant soutenu El Gueddafi.