[image] La France a affirmé vendredi que la Russie, proche alliée de Damas, était engagée dans des discussions sur l'après Bachar al-Assad, évoquant la possibilité d'une réunion du nouveau groupe de contact sur la Syrie fin juin à Genève, mais Moscou a nié tout changement de politique. Outre les efforts diplomatiques, Paris a pour la première fois envisagé publiquement une aide matérielle à la rébellion syrienne, sous la forme de "moyens de communication". La France estime qu'un degré supplémentaire a été franchi dans les crimes et les violences en Syrie, et qu'un accord est désormais possible avec la Russie. "Les Russes ne sont pas aujourd'hui attachés à la personne de Bachar al-Assad, ils voient bien que c'est un tyran et un assassin", a indiqué le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius sur la radio France Inter. "Mais ils sont sensibles, si Bachar est chassé du pouvoir, à qui va prendre (la place). La discussion porte là-dessus", a ajouté le chef de la diplomatie française. La Russie a cependant très vite nié être engagée dans des discussions avec l'Occident sur des évolutions politiques qui impliqueraient le départ de Bachar al-Assad. "De telles discussions n'ont pas eu lieu et ne peuvent avoir lieu. Cela est en totale contradiction avec notre position. Nous ne sommes pas impliqués dans des changements de régime à travers le Conseil de sécurité de l'ONU ou des complots politiques", a assuré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Selon Laurent Fabius, les efforts diplomatiques pour résoudre la crise syrienne pourraient aussi passer par la première réunion, le 30 juin à Genève, du groupe de contact que le médiateur international Kofi Annan souhaite constituer. "Il y a en perspective, je ne sais pas si nous allons y arriver, la possibilité à Genève le 30 juin d'une conférence dans une disposition voisine du Conseil de sécurité mais sans les contraintes du Conseil de sécurité", a expliqué Laurent Fabius, précisant qu'il s'agissait bien de ce "groupe de contact". L'entourage de Kofi Annan n'était pas en mesure de confirmer vendredi la date ou le lieu d'une telle rencontre. Jusqu'à présent, la Russie et la Chine se sont opposées au Conseil de Sécurité à toute action résolue de la communauté internationale dans son ensemble contre le régime syrien. En dehors du champ diplomatique, une autre issue au conflit serait une victoire militaire de l'opposition, a estimé Laurent Fabius. "L'autre idée, c'est qu'il y ait une victoire claire et nette de l'opposition sur le terrain. Ça passe par des combats extrêmement durs, extrêmement violents", a-t-il jugé. "C'est pourquoi, il y a à la fois la démarche de Kofi Annan et il est envisagé, les Américains l'ont fait, peut-être nous le ferons, de donner non pas des armes mais des moyens de communication supplémentaires" aux rebelles, a-t-il annoncé. Les Etats-Unis ont annoncé jeudi soir qu'ils fournissaient à "l'opposition pacifique" en Syrie des moyens de communication, incluant notamment des téléphones satellitaires disposant de GPS. Mercredi, le ministre avait annoncé que la France allait proposer aux autres pays du Conseil de sécurité de rendre "obligatoires" (sous chapitre 7 de l'ONU) les dispositions du plan du médiateur international Kofi Annan, pour éviter une nouvelle aggravation de la situation en Syrie, qu'il a qualifiée de "guerre civile". La France, qui se veut en pointe dans le dossier syrien, prévoit également d'accueillir le 6 juillet une conférence des "Amis de la Syrie". Depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad en mars 2011, la répression de la révolte et les combats entre rebelles et forces uvernementales ont fait plus de 14.100 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH.)