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Hassan Hattab : « J'ai été forcé de prendre le maquis... »
Publié dans Ennahar le 15 - 03 - 2009

Hassan Hattab (Abou Hamza) reconnaît que l'idée du djihad ne lui est venue qu'une fois au maquis. Contrairement aux jihadistes qui se préparaient au combat et à la lutte contre le pouvoir en Algérie depuis l'annulation des élections remportées par le Front Islamique du Salut FIS en janvier 1992. Hattab dit qu'il n'avait jamais pensé prendre part aux activités armées ni tenter de changer le mal par les moyens de la force, malgré son éducation religieuse depuis les années quatre-vingt dans la ville de Rouiba (Wilaya d'Alger). Hattab n'avait jamais participé aux marches du « Front Islamique du Salut » à ses débuts.
Comment aviez vous rejoint le maquis ? J'avais demandé à Hattab lors de notre première rencontre à sa résidence secrète près d'Alger. Il avait répondu « La situation à cette époque 1992, était très difficile. Les forces de sécurité se comportaient avec violence avec les islamistes. Après l'annulation des élections en janvier, une campagne d'arrestation a alors commencée. Les forces de sécurité arrêtaient mêmes des gens qui n'étaient même pas des sympathisants du FIS. Avec les islamistes, ils se sont comportés avec violence, ce qui a poussé beaucoup d'entre eux à rejoindre les maquis (rejoindre les groupes armés) même ceux qui n'avaient aucune conviction à faire une telle chose. Arrivés aux maquis, l'idée de faire le Jihad leur est venue. Je parle ici de ma propre expérience. Je n'avais aucunement l'intention de prendre le maquis. Si vous demandiez aux gens de mon village et ma famille ils vous confirmeront cela. J'ai reçu une éducation religieuse à la mosquée (mosquée El Houda à la cité Ben Zerga, Rouiba, est d'Alger), mais je n'ai jamais été de ceux qui pratiquent la violence pour soit disant changer le mal. J'étais pacifiste à tel point qu'on me voulait de ne pas être un sympathisant du FIS, car je ne participais jamais aux campagnes électorales ni aux meetings organisés durant la période de paix.
Hattab continue son témoignage sur cette période du début de 1992 où de violentes confrontations entre les services de sécurité et les éléments du FIS arrivaient suite à l'arrêt du processus électoral. « Les arrestations sont alors arrivées dans la cité où j'habitais. Les forces de sécurité ont arrêté presque tous les barbus de ma cité. J'étais parmi les rares personnes qui n'ont pas été arrêtés, mais après un temps, et pendant que je me trouvais à l'hôpital, les forces de sécurité sont venus et ont encerclé les lieux. J'avais peur, je me suis enfui. C'est comme ça que j'ai rejoint le maquis. Sincèrement, l'idée du jihad m'est venue alors que j'étais au maquis à cause du comportement du régime et de ses erreurs. Des étudiants ont émis des fetwa autorisant le jihad.
Dans le maquis, Hattab a rejoint un groupe dirigé par une personne nommée Mohieddine. Ce groupe prétendait être le troisième groupe activant au environs d'Alger. Le premier groupe était dirigé par Mohamed Allal, première cellule du GIA après que les afghans algériens l'aient rejoint. Le deuxième groupe était le « mouvement de l'état islamique » dirigé par Saïd Makhloufi (avec Abdelkader Chebouti). Et vers la fin 1992 jusqu'à la fin 1993, est apparu le Groupe islamique Armé GIA, considéré comme le plus puissant des groupe qui combattaient le pouvoir en Algérie et qui le considéré comme infidèle.
Hattab raconte « Les groupe étaient éparpillés au niveau national lorsque l'union a eue lieu au mois de mai 1994. Le groupe islamiste armé activait dans la région de Blida. Il y avait un mouvement dirigé par Saïd Makhloufi et d'autres groupes dans le cadre du GIA dirigés par Abou Abdallah Ahmed (Kousmi). C'est à cette époque que j'ai été nommé émir de Katibat El Feth qui activait dans la région d'Alger jusqu'à Boumerdès. A l'époque de Zitouni qui avait été désigné après la mort de Ahmed lors d'un accrochage avec les forces de sécurité en septembre 1994. Ensuite j'ai été promu émir sur trois Katibates, El Feth, El Kods et El Ansar. Par la suite, Zitouni m'a désigné émir de la deuxième région qui comportait 13 Katibates.
Hattab raconte son conflit avec Zitouni à cause des pratiques de ce dernier qui poussait les groupes vers plus de violence et d'extrémisme et d'effusion de sang. Il éliminait toute personne soupçonnée de trahison. Hattab dit à propos de cette période « après une brève période de temps, un conflit a eu lieu entre nous. Zitouni avait été imposé de force après la mort de Kousmi. Les dirigeants du groupe l'avaient alors imposé afin d'éviter une fitna au sein de l'organisation. Lui, il m'avait désigné membre de ce groupe de dirigeants après que des membres aient exercé des pressions sur lui. Et même ma désignation au poste d'émir il l'avait faite sous pression de la part des dirigeants. Lorsque j'ai commencé à le connaître personnellement et après avoir recueilli des informations à son sujet de son entourage, j'ai alors compris que personne ne l'aimait ni ne désirait le voir à la tête de l'organisation. Ils étaient tous des gens sans niveau d'instruction, vils et sans éducation. Ils se sont fait émir par eux-mêmes. La première observation que j'ai eue sur Zitouni était à propos du procès d'un étudiant accusé de travailler pour les services. J'étais présent à ce procès et j'ai vu comment les juges chargés de son procès voulaient à tout prix lui coller l'accusation. Zitouni m'avais demandé de l'interroger. J'ai refusé et je lui ai dis « vous voulez coller l'accusation à quelqu'un d'innocent. Je lui avais dis que si l'homme travaillait vraiment pour les services il ne serait pas resté tout ce temps à combattre à vos côtés. Mais Zitouni s'était entêté et a exécuté le jugement.
Poursuivant son discours sur cette période, Hattab raconte comment ses relations se sont détériorées avec Zitouni et ses sbires. « Zitouni avait remarqué que je ne suivais pas sur sa voie, alors il a essayé de me rapprocher de lui et gagner ma confiance. Il m'a invité plusieurs fois à ses réunions et halakates. J'ai commencé à lire ses bulletins comme par exemple le bulletin intitulé « Interdiction des longs voyages » qui visait les jeunes entre 21 et 27 ans qu'on arrêtaient sans papiers qui sont donc considérés comme des appelés qui effectuaient le service militaires et qui sont exécutés. Ensuite le bulletin relatif aux travailleurs de Sonatrach, et le bulletin relatif au massacre des femmes (mères et filles) des gendarmes et des éléments des services de sécurité.
Qui étaient les subordonnés de Zitouni ? Hattab répond sans hésiter : « Ce sont Antar Zouabri, Redouane Makador dans la région de Blida et Abou Kabous de la wilaya de Blida aussi. Ce sont eux qui ont imposé Zitouni émir et ce sont eux qui ont déformé l'image des gens qu'ils détestaient parmi des dirigeants. Zitouni ne connaissait pas tout le monde. Il était émir de Katibat El Khadra, il ne savait même pas ce qui se passait à l'intérieur du groupe ni comment il est dirigé et par qui. Il fut élu émir après la mort de Abi Abdallah Ahmed soit disant pour éviter une fitna. Mais celui si avait marginalisé son conseillé militaire et s'est entouré de personnes dangereux qui étaient devenus par la suite ses conseillers. Ils l'ont alors impliqué dans des assassinats gratuits et des comportements violents contre les émirs.
L'image de Zitouni s'est alors détériorée aux yeux de tous à cause de son entourage.
Chaque fois qu'il y avait n évènement, je demandais à Zitouni de faire une réunion officielle. Les dirigeants ne venaient pas tous. La majorité de ceux-ci étaient de régions lointaines. Zitouni avait désigné des membres de son entourage, ces derniers tentaient de renforcer leurs situations au sein du groupe et ont réussi à diriger l'organisation comme ils voulaient. Je me suis toujours opposé à Zitouni malgré le danger que représentent son entourage et l'influence qu'il avait sur lui. Mais je savais aussi que je pouvais les influencer. Zitouni disait en mon absence que si je quittais le groupe, les émirs n'auraient plus confiance et qu'il acceptait de perdre beaucoup d'émirs à condition de ne pas me perdre moi. Il voulait gagner ma sympathie par tous les moyens. Il répondait à mes demandes mais je faisais très attention car il pouvait me trahir.


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