[Répit ou «sauvetage» pour l'Espagne où le chômage frappe 24,44% des actifs, véritable casse-tête pour Mariano Rajoy, chef du gouvernement de droite]Répit ou «sauvetage» pour l'Espagne où le chômage frappe 24,44% des actifs, véritable casse-tête pour Mariano Rajoy, chef du gouvernement de droite «Sauvetage»: le mot, tombé comme un coup de massue sur un pays étranglé par l'austérité et le chômage, s'étalait en grosses lettres, hier, à la une de toute la presse ibérique. Après avoir résisté jusqu'au bout, l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, a finalement accepté samedi un sauvetage de cent milliards d'euros au maximum limité à ses banques, qui lui accorde un répit, mais place son économie sous étroite surveillance. «Sauvetage»: le mot, tombé comme un coup de massue sur un pays étranglé par l'austérité et le chômage, s'étalait en grosses lettres dimanche à la Une de toute la presse. Même si le ministre de l'Economie, Luis de Guindos, niait encore lui-même l'évidence, quelques heures plus tôt. Le chef du gouvernement de droite Mariano Rajoy, dont le silence ces derniers jours a soulevé des critiques, devait lui s'exprimer hier devant la presse. «Cela n'a rien à voir avec un sauvetage», a lancé samedi soir M.de Guindos, en annonçant que l'Espagne allait enfin demander «une aide financière européenne». Objectif de ce plan d'aide: assainir les banques espagnoles, asphyxiées par leur exposition au secteur immobilier, avec, à la fin 2011, 184 milliards d'euros de crédits problématiques, notamment des prêts risquant de ne pas être remboursés. Le prêt pourra atteindre cent milliards d'euros et sera injecté dans le fonds public espagnol d'aide au secteur bancaire (Frob), qui attribuera ensuite cet argent aux «banques qui le demandent», a expliqué le ministre. «Les conditions seront imposées aux banques, pas à la société espagnole», a insisté M.de Guindos. Car le gouvernement a réussi à éviter ce qu'il redoutait par-dessus tout:un plan d'aide global pour son économie qui aurait supposé en contrepartie un nouveau plan d'austérité, au moment où le pays est déjà contraint à de lourds sacrifices. «Sauvetage sans humiliation» titrait le quotidien de centre-droit El Mundo. Mais les choses ne sont pas si simples: si l'Espagne s'est assurée du soutien de l'Europe, si elle échappe, pour le moment, à un plan de sauvetage plus large, elle n'en est pas moins placée sous l'oeil vigilant de Bruxelles et n'a plus droit à aucun faux pas. L'Eurogroupe, en annonçant samedi l'accord conclu avec l'Espagne lors d'une réunion téléphonique des 17 ministres de la zone euro, s'est dit ainsi «confiant» que le pays «tiendra parole quant à ses engagements en matière de réduction de déficit et de réformes structurelles, en vue de corriger les déséquilibres macroéconomiques». «Des progrès dans ces domaines seront suivis régulièrement et avec attention en plus de l'assistance financière» fournie, a ajouté le communiqué. L'exercice sera particulièrement délicat, au moment où le pays, retombé en récession, tente de ramener son déficit public de 8,9% du PIB en 2011 à 5,3%, de maîtriser le dérapage budgétaire de ses 17 régions autonomes, de juguler un chômage frappant 24,44% des actifs, un record parmi les pays industrialisés. Le ballon d'oxygène accordé aux banques suffira-t-il à écarter le spectre d'un sauvetage global, redouté de tous car il supposerait une facture de plusieurs centaines de milliards d'euros? «Nous avons un nouveau concept: un sauvetage «léger», sans conditions matérielles pour la dette et seulement pour les banques qui le demandent», analysait Charles Diebel, économiste chez Lloyds Banking Group. Et il s'interrogeait: «C'est la dernière en date d'une longue liste de mesures pour combattre la crise. Cela sera-t-il suffisant?».