Le gouvernement algérien prépare un projet de décret fixant les conditions de création des associations à caractère religieux, désormais soumises à "un régime spécial" qui permettra aux autorités de renforcer leur contrôle, a indiqué samedi l'agence de presse APS. Le texte détaillera les modalités d'application d'une nouvelle loi sur les associations, votée fin 2011 dans le cadre de réformes politiques menées à l'initiative du président Abdelaziz Bouteflika dans la foulée du Printemps arabe. L'ancienne loi, qui remonte à 1990, comporte des "failles qui ont permis la création d'une pléthore d'associations ne réunissant pas les conditions légales", selon le ministre de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia. Compte tenu de leur "régime spécial", les associations à caractère religieux devront se faire enregistrer auprès des directions des Affaires religieuses, qui disposeront d'un "pouvoir discrétionnaire" dans l'examen des dossiers, explique le projet de décret. Ces associations ne pourront "entretenir avec les partis politiques aucune relation, qu'elle soit organique ou structurelle, ni recevoir de financements de leur part", précise le texte. Dans un pays où l'islam est religion d'Etat et où la quasi-totalité de la population est musulmane, la nouvelle réglementation impose aux associations religieuses de "respecter l'unité nationale et la référence religieuse de la société" et de "servir les mosquées, l'enseignement coranique, les confréries et les rites religieux d'intérêt général", selon Adda Fellahi, un responsable du ministère des Affaires religieuses. Une commission départementale sera chargée "de suivre et d'évaluer le travail des associations", qui pourront être dissoutes en cas d'"atteinte à la ouveraineté nationale et à la référence religieuse de la société" ou encore "d'adoption d'idées extrémistes et intégristes", selon le texte.